Je fais partie des rares qui ont apprécié le Godzilla de Gareth Edwards, de la façon dont il avait décidé de traiter et d’aborder le sujet. Skull Island avait des côté sympas et divertissants, mais restait bien en-dessous pour ce qui était de l’ensemble ou l’utilisation du mythe. Cette suite promettait un combat de monstre en faisant intervenir tout une pléthore de Kaijus. Le résultat final est décevant, et pas des moindres.
Clairement, le film a tenté de corriger deux des principales critiques du précédent : donner plus de poids aux humains dans l’intrigue, et montrer plus de Godzilla. Dans les deux, le film réussit. Sauf que ça ne marche pas. Du moins pas totalement. Pris complètement à part, les combats entre Kaiju sont en effet divertissant et on en prend plein la vue, même si ça devient très répétitif dans les combats entre Godzilla et Ghidorah. Mais on ne boude pas notre plaisir, on se régale à les voir se mettre sur la tronche avec des comportements très « animaliers » par moment, comme s’il y avait la volonté d’en faire de véritables êtres vivants.
En revanche, le deuxième aspect, c’est une blague. Pire, au bout de dix minutes, on a déjà marre de voir les humains enchaîner des conneries plus grosses les unes que les autres. Et au final, on se retrouve avec des éléments d’intrigues qui ne veulent plus rien dire, qui n’ont aucun sens. C’était déjà amorcé dans le premier film, et c’est confirmé ici : les Kaiju sont une allégorie des conséquences du réchauffement climatique dont sont responsable les humains. D’ailleurs, histoire d’être bien sûr que le public comprenne, ce n’est pas un hasard si ce sont les humains qui libèrent Ghidorah en faisant sauter la glace qui le retenait prisonnier en Antarctique. L’ironie voudra que ce soient les soi-disant écoterroristes qui le fassent.
Parlons-en d’ailleurs. Alors c’est très sympa d’avoir Charles Dance pour avoir un personnage qui se veut fin et incisif dans ses dialogues, mais il faut de quoi le soutenir. Or, non seulement ces « méchants » débarquent un peu sans prévenir, décident qu’il est temps de donner à l’humanité une leçon, mais perdent le contrôle de la situation, n’essaye pas de la résoudre et, au final, disparaissent à la moitié du film sauf pour souligner leur incompétence invraisemblable (non, on en parle de la gamine qui vole LE MacGuffin du film devant tout le monde sans se faire repérer, parvient à s’échapper pendant plus d’une heure avant de se faire capter ?).
Et ils ne sont pas les seuls. Serizawa essaye de compense les incompétences de ses collègues de Monarch, mais décide d’abandonner le navire pour la bonne cause, tandis que Graham devient de la chair à canon après 20 minutes. Quant au reste… C’est désespérant. On dit souvent que dans un film catastrophe, un scientifique est ignoré au début ; mais là, on en vient à demander aux autorités d’arrêter d’écouter ces scientifiques. Que ce soit à cause des âneries qu’ils sortent, les actions débiles qu’ils provoquent, les discours stupides qu’ils déclarent… Il y a de tout, au point que ça devient impossible à suivre le film tellement on a envie de distribuer des claques à tout va.
On en vient à oublier les incohérences comme une aile volante qui traversent plusieurs fois l’Atlantique du Nord au Sud en quelques heures seulement, les règles de la physiques complètement bafouées de façon évidente au point de nous sortir de la suspension consentie de l’incrédulité (alors qu’on parle d’un film avec des monstres de 100m de haut, qui paraissent presque être le point le plus crédible du film !), ou alors les incroyables décisions scénaristiques comme celle d’introduire l’Atlantide pour la détruire deux minutes après s’être extasié.
Au final, le seul aspect humain qui fonctionne reste le même que celui qui fonctionnait dans le premier film : le père de famille qui cherche juste à retrouver sa femme et sa fille. Alors certes, les deux personnages en question sont à l’origine des plus grandes débilités du film (entre le discours pseudo-écolo extrémiste complètement stupide de l’une, et la plot armure de l’autre) ; mais au moins, le personnage de Mark reste le seul pour lequel on peut s’attacher même si ça reste très caricatural dans le traitement.
Le casting est à la ramasse, en dehors de Charles Dance, donc, et de Kyle Chandler qui viennent faire le job qu’on leur demande de faire. Techniquement, c’est décevant. En dehors des effets spéciaux, incroyables notamment au niveau des Kaijus, et des décors éventuellement, le reste manque cruellement d’originalité. Alors oui, la mise en scène essaye de proposer quelques plans larges iconiques, mais ils sont extrêmement poussifs et mal avenus. Pour la musique, c’est le néant total, à part peut-être quelques thèmes ici et là.
Bref, cette suite est une belle déception parce que j’en attendais beaucoup. Pour ma part, les critiques du premier film en faisaient justement la force et la qualité. Donc oui, les corriger est pour moi une erreur. Ensuite, il y avait possibilité de faire quelque chose de divertissant et intéressant, mais en dehors des combats de monstres, le reste est désespérant.