En 2014 est sorti le pire Godzilla de l'histoire. Un film tellement mauvais que même la mouture 1998, décriée à juste titre, en devenait un petit larcin sans gravité.
Or... Tout comme Godzilla Final Wars venait répondre à la crotte de Roland Emmerich, il n'a pas fallu longtemps au japon pour rétorquer au nouvel affront, avec Shin Godzilla, un film chorale époustouflant au rythme ininterrompu. Succès colossal dans l'archipel, mais sorties très timides dans le reste du monde...
Les Américains en ont donc profité pour pondre des suites à tire larigot Godzilla II et Godzilla vs Kong. Il est donc grand temps de déterrer la hache de guerre et de montrer qui est le patron.
On demande donc à Takashi Yamazaki, déjà à la barre de gros films d'action comme Returner ou Space Battleship Yamato, de mener ce projet à bien.
Et il va avoir la malice, ou tout du moins la présence d'esprit, de ne pas du tout se frotter à Shin Godzilla. Son film sera un film d'époque, réexplorant ou se réappropriant les origines du monstre sacré. En cela le film est un franc succès, car il parvient à restituer les thèmes majeurs de l'œuvre de base en les amenant à une audience moderne. Un pays à genoux se relevant du spectre de la guerre et de la destruction, l'arme atomique face à laquelle on ne peut rien, la valeur de l'individu... Autant de thèmes qui viennent retrouver une seconde jeunesse.
Le film en devient l'égal de l'avion-star de son climax : unique en son genre car à la fois futuriste et farouchement ancré dans le passé.
Revers de la médaille : cela occasionne une sorte de clash. En se situant entre modernité et passéisme, Godzilla Minus One semble trop hésiter, danser autour du pot. Comme s'il ne se prononçait pas tout à fait quant à son identité... Il y a des segments à couper le souffle qui se terminent par un élément invraisemblable ou pas vraiment préparé.
Par exemple la scène où Noriko se sacrifie héroïquement, on se demande malgré tout comment Shikishima a survécu... Et on se demande encore plus comment elle, elle a survécu lors de l'épilogue au happy end sirupeux...
Le spectateur moderne, le plus souvent, rejettera se genre de traits de scénario. Les trouvera forcés et pas émouvants. Le film cherchait un équilibre trop délicat pour se maintenir sur le fil.
Il demeure un spectacle gigantesque, bien supérieur à tout ce qu'ont pu pondre les américains, et digne d'être dûment récompensé, mais il y a fort à parier que Takashi Yamazaki aurait gagné à pousser plus en avant les curseurs de ce regard qu'il porte vers le passé, et ainsi assumer ses choix les plus discutables.
Qui sait ? Peut-être y parviendra-t'il dans quelques mois...? ( clin d'œil )