Minus et Cortex

Soyons honnête, ce film est surtout à l'attention du public japonais ayant grandi avec les (trop) nombreux film du lézard géant nucléaire. En tant que Français et connard d'occidental, j'ai bien conscience que plus de la moitié des codes du genre et des références me sont complètement passé au dessus, et que les éléments pris pour des défauts ou de l’incompétence sont probablement volontaires... n'empêche que... putain c'est navrant.

Déjà, l'écriture est abominable, les dialogues sont aussi surjoué qu'ils sont creux et ennuyeux à mourir, même dans les moments censés être dramatique et sérieux. On y croit pas un seul instant. Mais c'est rien comparé à l'invraisemblance du script.

Des exemples de ça ? Y'en a dans toutes les scènes quasiment, en voici quelques uns à la volé :

- le héros qui survit par une chance de cocu et sans que ça soit jamais de son fait à TOUTES ses rencontres avec Godzilla, là où tout le monde crève autour de lui systématiquement

- un bateau en bois de merde qui tient tête à la créature pendant un quart d'heure "parce que", mais la même bestiole défonce un putain de cuirassé en 20s juste après

- des obus de navire de guerre de 150mm tirés à bout portant ne font rien du tout au monstre, y compris des tirs de chars, mais lui foncer dans la bouche avec un avion ça le flingue... là où une mine sous-marine au potentiel explosif 10 fois plus grand l'a juste un peu assommé

- Shikishima qui retrouve sa gonzesse "comme par magie" dans une foule en panique pile au bon endroit, au bon moment, pour y surjouer une scène faussement triste ou la gourdasse, plutôt que de sauter avec son mec dans une ruelle, le pousse mais reste plantée comme un piquet de tente (personne ne fait ça)

- quand les petits bateaux viennent secourir les deux plus gros pour remonter Godzilla et le faire éclater et que l'urgence prone... je ne vois pas comment et par quel putain de miracle autant de navire on pu s'accrocher aussi vite (et ça résout pas le problème de résistance des grues, la créature fait DEUX FOIS le poids de la tour eiffel bordel, c'est lunaire)

- le souffle nucléaire de Godzilla rase des buildings, mais si le héros se cache entre deux baraque c'est ok, encore une fois le gars est l'unique survivant des environs, le mec porte la poisse aux autres

- comme par hasard le héros tombe dans le groupe de démineur dans lequel on a un scientifique qui trouvera la solution pour tuer godzilla plus tard, comme par hasard c'est LEURS bateau qui servira d’appât, puis comme par hasard c'est pas leurs bateau qui se fait bouffer mais les random en face d'eux (pourquoi ? on sait pas), toujours par hasard le héros il connait le seul homme de tout le japon capable de réparer son futur avion, car lui aussi, comme par hasard il avait survécu à la première attaque de godzilla.... Modifiez un seul élément de ces conneries, et le film ne tient plus.

- Godzilla est capable dans cette version de cracher un laser qui reproduit des explosions tout aussi puissante que des bombes atomique, mais LE MONDE ENTIER s'en branle parce que "olalala si on demande de l'aide les soviet et les USA vont monter en escalade, donc on doit se démerder avec 3 bicoque désarmés et des bouteilles de gaz"... CE MONSTRE PEUT RASER DES PAYS ENTIER S'IL LE VEUT C'EST QUOI CETTE EXCUSE SCÉNARISTIQUE DE MERDE ?!

- tout le monde accepte sans broncher ou être étonné que les monstres géant ça existe

"Gnagnagna tu chipote, c'est un film de Kaiju, ça parle d'un monstre géant !"

Oui, mais pour que je puisse croire à un univers, les choses doivent paraître crédible dans la diégèse du film, surtout que le réalisateur insiste à mort sur le contexte historique et le réalisme de son film en rajoutant du drama par dessus, c'est IMPOSSIBLE pour moi de ne pas grimacer devant des situations qu'on ne trouve que dans les cartoons !

Fin voilà le scénario a été écrit par un ados, y'a rien qui fait crédible ou un minimum vraisemblable. Alors les effets spéciaux sont plutôt bon pour une production Japonaise au budget modeste, mais à part la modélisation de Godzilla et les effets de l'océan, tout le reste fait tellement mais alors TELLEMENT factice ! On voit clairement les fonds verts, que les décors réels sont minuscules et font "neufs" même quand c'est des ruines. Et lorsqu'il y a de la destruction y'a aucune poussière, aucun vent violent, aucune saleté qui vole, pas de tremblement de terre ou de vibration sur les acteurs, aucun effet organique qui nous fait croire que Godzilla est vraiment là.

Alors le film a quand même quelques fulgurances qui font mouche, une réplique badass par ci, un jolie plan par là, puis la musique relève un peu le tout, qui rend le visionnage un peu plus supportable.

Quand je voit certaines critiques (pas forcément sur ce site) élogieuses au sujet de Minus One, je ne peut que relever l'hypocrisie et l'injustice qu'a subit le Godzilla de Roland Emerich à son époque, qui, sans être un chef d’œuvre avait tout de même le mérite d'être infiniment mieux écrit et mis en scène que ce navet. D'ailleurs je ne saurait lui donner un genre cinématographique...

L'horreur ? Le monstre ne fait pas du tout peur et il n'y a pas de tension, la mise en scène est plate au possible, donc zéro suspens, aucune monté en puissance. On film le danger de façon clinique et utilitaire.

Le drame alors ? Marche pas non plus car très vite on oublie la noirceur de l'après-guerre et ça vire en "petite maison dans la prairie", le début laisse penser à un univers crépusculaire et injuste, mais en fait non.

Bon bah c'est un film d'action? Non plus ! Les rares scènes de bataille avec Godzilla sont très courtes et sans intérêt. Alors on mise sur le film catastrophe ? Encore loupé. Le lézard obèse détruit une seule ville, et deux bateaux, il n'est même pas traité comme une force de la nature mais juste... comme un problème à résoudre. C'est même pas une menace pour l'Humanité puisque apparemment l'URSS et les USA trouvent qu'un lézard de 100m qui crache à volonté des bombes nucléaires c'est moins dangereux que leurs armées respectives (hé on est en 1947)

Je n'ai jamais été fan des films de la franchise, même adapté par Hollywood, mais au moins ces derniers, quitte à faire un Godzilla con, y'a de l'action ou de l'humour, ici on a juste des gens qui jouent mal et des cinématique de PS3.