Rétrospective #25 : Godzilla x Megaguirus (2000)

Deux ans et demi qu'il m'aura fallu pour me repaître de cette très gourmande rétrospective, interrompue avec le dernier opus avant le passage au 21e siècle.

Difficile de repartir sans trembler sur ce 25ème film, tant le temps s'est écoulé depuis l'arrêt impromptu de ma plongée en apnée dans cette franchise à la durée de vie aussi gigantesque que le monstre qui en fait l'objet. En plus de cela, on a de quoi être confus en démarrant le film, puisque Godzilla x Megaguirus est à la fois la suite directe du Godzilla original (sorti en 1954) et la suite esthétique du précédent, Godzilla 2000 (sorti en 1999), qui entamait alors une nouvelle ère - l'ère Millenium.

Ignorant les évènements de ce dernier, ce nouvel opus préfère donc raccrocher son wagon (comme d'autres opus avant lui) à la locomotive originale, tout en ignorant soigneusement son issue et les opus qui les séparent (également comme d'autres avant lui).

Après avoir survécu à la bombe pourtant fatale du film original, Godzilla revient attaquer le Japon en 66, forçant le gouvernement à abandonner le nucléaire pour se concentrer sur d'autres sources d'énergies. Alors que la découverte d'une énergie à base de plasma constitue la meilleure alternative que toutes les autres sources combinées, Godzilla l'attaque aussi en 96, forçant les japonais à l'abandonner à son tour et à oeuvrer pour en trouver une nouvelle. En 2001, une expérience scientifique ouvre un mini trou noir duquel sort un étrange animal volant, qui dépose alors sur le sol terrestre un mystérieux oeuf avant de repartir.

Le film semblait avoir levé le pied sur les effets spéciaux numérique ce qui n'était pas un mal, vu que j'avais le souvenir d'un résultat pas ouf dans Godzilla 2000. Malheureusement la nuée de monstres venue d'ailleurs prend souvent vie de la pire des façons et n'est que rarement crédible. Je sais que c'est comme taper sur un handicapé, mais bon sang que le chemin semble encore bien long avant qu'un Godzilla japonais ne bénéficie d'effets spéciaux numériques dignes de ce nom.

À l'inverse, j'ai la sensation que les effets pratiques ont bénéficié d'une meilleure attention, grâce à une mise en scène qui fait de son mieux pour rendre tout ça cinématographique.

Qui fait de son mieux oui, car il suffit de voir une scène où Godzilla plonge et crée des bulles de taille humaine, en plan très rapproché ou en regardant ses épines dorsales gigoter comme de la gélatine pour se rendre compte des artifices un peu grossiers du film qui montre rapidement les limites d'une telle production, au budget loin d'être aussi permissif que le blockbuster hollywoodien qui avait tenté de singer la franchise de la Toho quelques années plus tôt.

Ça lui confère un charme certain comme à beaucoup d'opus de la franchise, mais ça lui donne irrémédiablement un air cheap, plus proche de Power Ranger que d'un film de monstres qui embrasse le nouveau millénaire et ses technologies.

Idem pour le monstre final, dont le design réussi est réduit à néant par sa taille pas bien mise en valeur et son animation minimaliste me rappelant les heures les plus sombres de la franchise.

Dans un jeu d'équilibriste pas très à l'aise entre modernité et tradition, le film parvient tout de même à proposer quelques idées visuelles sympas ou qui sortent de l'ordinaire dans la saga, comme cette ville littéralement plongée dans l'eau. Les scènes sous-marines alternent entre le bon et le moins bon, tant elles font parfois toc, et ce n'est pas le casting, majoritairement désintéressé, qui saura nous vendre ça. Le final est assez médiocre.

On sent la volonté de donner vie à ces bestioles démesurées et ce serait hypocrite de nier l'évolution globalement positive en matière de mise en scène depuis les plans rigides et éloignés des premières suites fauchées aux derniers opus qui jouent sur les perspectives, les angles de caméra, et un mélange toujours plus casse-tête de plans réels avec décors ou véhicules miniatures, effets spéciaux en CGI et costumes en caoutchouc.

Côté musique, un thème épique m'a dangereusement fait penser à Pokémon. Sinon, on est sur quelque chose d'assez quelconque. Le sound design de Megaguirus est insupportable.

Mais c'est côté plot que ça pêche le plus. C'est pas assez nanardesque pour en rire, pas assez divertissant pour être captivé, pas assez joli pour être subjugué, et vu que le film semble avoir totalement perdu de vue l'intérêt thématique du Godzilla de 1954, le nucléaire n'est qu'un leitmotiv bidon pour lancer le plot et non pour dresser des parallèles avec la réalité. Donc en termes de réflexion, le film reste toujours plus proche d'un Power Rangers qu'autre chose... jusqu'aux 5 dernières minutes qui lâchent un twist qui aurait pu être plus intéressant si ça avait été mieux construit (SPOILER : l'énergie plasma était en fait encore fabriquée en secret à cause du vilain CEO, le bâtiment et la ville dans laquelle il se trouve s'attirant les foudres de Godzilla malgré sa victoire sur Megaguirus). Ça ne fait que rallonger l'intrigue d'une poignée de minutes et donne un prétexte de dernier instant pour bouter Godzilla hors de notre bonne vieille Terre avant de baisser le rideau.

Toutes ces lacunes combinées à mon cerveau désormais trop familier avec la formule qui peine à se renouveler (une aubaine vu ma fatigue actuelle avec une autre formule, qui commence par M et finit par CU) font que, malgré un runtime d'à peine plus d'1h45, le film m'a fréquemment paru long. Une opinion qui était visiblement similaire à l'époque de sa sortie mais n'empêchant pas de sécuriser une suite, qui sortira à peine un an plus tard.

Un retour en demi-teinte donc (cette phrase a comme un air de déjà vu). La rétrospective va devoir se faire à un rythme très lent si cette qualité reste constante : faudrait pas risquer une nouvelle overdose.

Chernobill
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le 13 oct. 2023

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