Un film guimauve ultra-storyboardé, à l’enrobage soigné mais très ennuyeux.

Priscilla Sitienei, dit « Gogo » à 94ans (au moment du tournage) et est déterminée à avoir son diplôme et surtout, à suivre une scolarité, car durant sa plus tendre enfance, elle en a été privée. Elle est donc la plus vieille écolière au monde. Veuve depuis plus de 60ans, elle a eu 3 enfants, qui lui auront donné 22 petits-enfants et 53 arrière-petits-enfants ! Gogo n’est donc pas une élève comme les autres, du fait de son grand âge, elle ne voit pas bien et entend mal, mais cela ne l’empêche pas de vouloir suivre des études et prouver qu’il n’y a pas d’âge pour apprendre.

C’est en voulant montrer l’exemple à des milliers de petites filles du Kenya (et par le biais du film, auprès de milliers de jeunes filles du monde entier), que Gogo se bat jour après jour et va tenter de réussir son examen de fin de primaire, sur les bancs de son école "Leader Vision".

Après son très beau documentaire Sur le chemin de l'école (2013), qui suivait le parcourt de 4 enfants au Kenya, au Maroc, en Patagonie et en Inde, on allait les yeux fermés découvrir le nouveau travail de Pascal Plisson. Mais quel ne fut pas notre surprise de découvrir que son plaidoyer universel pour la scolarisation des filles sonne indéniablement faux. Pire, à aucun moment, on ne parvient à s’émouvoir de cette kényane analphabète. Pourtant on aurait voulu y croire, elle est touchante Gogo, elle est adorable aussi, mais rien à faire, on reste hermétique à son personnage et pour cause, le réalisateur ne nous donne pas les clés pour s’y intéresser. On ne sait au final que très peu de chose à son sujet, pourtant, vu son grand âge, il y avait des choses à nous apprendre la concernant.

On est censé voir un documentaire, pourtant la mise en scène prête à confusion, est-ce une fiction ? La réponse est non, mais pourtant, les cadrages et le montage indiquent le contraire, donnant l’impression que tout est joué, tout est calibré, tout est prévu. Résultat, ça sonne faux et le voyage en pays Massaï tombe à plat. Il ne suffit pas d’enchaîner les (très) beaux plans et une photo soignée (que l’on doit à Michel Benjamin), il ne suffit pas non plus d’y mettre de bonnes intentions, il faut aussi que tout tienne la route, sans en faire des caisses.

Alors certes, le message est beau et très fort, inciter les petites filles du monde entier à s’instruire, c’est important, voir vital, mais le réalisateur semble être dépassé par le personnage qu’il filme et aurait dû se concentrer davantage sur la mise en scène et rester dans les clous du documentaire à proprement parler, plutôt que de nous servir un film guimauve ultra-storyboardé, à l’enrobage soigné mais très ennuyeux.

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