Débutant par un carton annonçant « some time, some place not far from now » à la façon du premier Mad Max, Gold de Anthony Hayes se rapprocherait plutôt du Rover de David Michôd. A travers quelques petites touches et grâce à ses dialogues, on comprend que le monde est parti à vau l’eau et que l’Australie n’a pas été épargnée. Dans un bled paumé dans le désert, un vagabond (joué par Zac Efron) a rendez-vous avec un autre gars qui doit l’emmener au « compound », un lieu mystérieux et effrayant où il est censé travailler. Alors qu’ils traversent la région désolée en 4X4, les deux hommes doivent s’arrêter à cause d’une panne mécanique et font une incroyable découverte. Alors que le vagabond reste seul dans le désert et que l’autre type retourne quelque part chercher du matériel, le film tourne au récit de survie radical.
D’emblée, Gold impressionne par ses paysages et sa photo, et durant un peu plus d’une heure et demie, malgré une drastique économie de moyen, il parviendra à rester original et surprenant en multipliant les bonnes idées visuelles. Les cadres sont soignés, et les compositions précises, un véritable délice visuel. Les rares dialogues, sont bien écrits et les quelques personnages de ce récit funèbre sont incarnés par des acteurs concernés, Zac Efron en tête, dont le jeu progresse au rythme de sa déchéance physique, passant de hobo à une sorte de zombie cuit et recuit par le soleil. A ses côtés, le chauffeur est interprété par le réalisateur, Anthony Hayes, qu’on a surtout vu faire l’acteur dans un certain nombre de petites prods australiennes comme Cargo, Danger Close ou la série Total Control... Mais on l’a aussi vu tenir des petits rôles dans deux films de Michôd, The Rover et War Machine…
Extrêmement maitrisé, Gold convainc sur tous les tableaux et déroule son récit, maigre jusqu’à l’os, avec un talent et une réussite particulièrement jouissive. Original et détaché de l’influence de ses prédécesseurs, même s’il a parfois tendance à revisiter quelques images proposées dans The Rover, Gold nous emmène dans un récit finalement très classique, et une fin relativement attendue, en dupant le spectateur grâce à la puissance émotionnelle dégagée par sa succession de tableaux étonnants. Alors, il ne faudrait pas croire non plus que mon bouillant enthousiasme cherche à vendre Gold comme un chef d’œuvre instantané, ou un futur et indéboulonnable classique, car il s’agit là surtout du plaisir de constater qu’avec une bonne idée, beaucoup de talent et de rigueur, on peut faire des miracles avec un beau paysage, trois acteurs et deux bâtons ; et proposer une très sympathique série B qui s’impose comme une belle réussite dans une production locale souvent discutable.
On attend donc avec impatience le nouveau film de Hayes, Stingray, un thriller mafieux avec Joel Edgerton.
Un dernier truc, à la vue des paysages extrêmement désolés que l’on découvre au début du film, je me suis dit que ces paysages auraient probablement pu accueillir le tournage de Fury Road et auraient donné une ambiance au film de Miller que peinent à offrir les décors namibiens…