L'âge dort

Ce documentaire didactique sonde l'impact de la méditation sur cinq seniors. Malheureusement la plupart des questions complexes qu’il soulève ne sont qu’effleurées.

Le projet de recherche « Silver Santé » a vu le jour en 2017 avec pour objectif de mesurer les effets de la méditation et l’apprentissage d’une langue sur le vieillissement. Le réalisateur suisse François Kohler a documenté cette expérience en suivant cinq participants du groupe dédié à la méditation. Pendant 18 mois, ces seniors se sont initiés et ont régulièrement pratiqué cette discipline mentale. Avec quels effets ?

Bien que ce documentaire présente quelques jolis plans et effets d’artistes pour illustrer le cerveau, il a de la peine à échapper à sa nature télévisuelle. En se focalisant principalement sur l’expérience de ces « cobayes », le film reste trop collé à son sujet et ne parvient pas à prendre du recul sur les nombreuses questions pertinentes qu’il soulève. Certes, les cinq personnages principaux qu’il suit sont attachants, mais leurs parcours tiennent beaucoup de l’anecdote. Le film cherche à montrer comment leurs attentes vis-à-vis de la médiation sont déjouées. Pourtant, on entrevoit d’autres problématiques intéressantes autour de cette expérience entre science et spiritualité. Il y a la fascination pour la méditation de la part des chercheurs initiateurs du projet qui interpelle au niveau déontologique. En effet, les intentions initiales de ces scientifiques semblent totalement acquises à la méditation, ce qui pourrait potentiellement influencer une évaluation objective de cette pratique. Il est troublant d'observer ces médecins s'indigner lorsque la perception de la méditation par les participants ne correspond pas à leur vision de ce que serait une pratique « correcte ». Il y a aussi la démarche initiale de ces volontaires, tous intéressés par la pratique méditative et qui espèrent fortement être sélectionnés pour le groupe « méditation ». Quid des déçus ? Malheureusement, ces aspects ne sont qu'effleurés, le film optant pour un montage linéaire et didactique des différentes étapes du protocole à travers le prisme des volontaires. On a davantage l'impression de visionner un compte-rendu vidéo du projet « Silver Santé » que d'être plongé dans une œuvre artistique ou critique.