Shirley Eaton, une fille en or
Ce troisième épisode de la série est marqué par l'apparition des éléments qui seront récurrents jusqu'à la caricature dans les épisodes suivants (jusqu'à la révolution Casino Royale). Un pré-générique qui raconte une petite histoire explosive, coupée du reste du film et dénuée du moindre intérêt ; un générique avec une chanson commerciale (ici très réussie : ce ne sera pas toujours le cas) et une esthétique particulière ; un personnage de méchant mégalo avec un projet grandiose et cinglé ; des gadgets à gogo avec une voiture-star.
Terence Young a dû céder la réalisation à Guy Hamilton, et ça se sent : rythme trop lent, quelques scènes à la limite du ridicule (comme ces soldats qui s'écroulent avant même d'être touchés par le gaz), on est très loin de l'excellent Bons Baisers de Russie.
Fort heureusement, le film possède deux qualités majeures.
D'abord, son interprétation. On ne dira jamais assez à quel point Sean Connery est excellent. Ici, l'un des intérêt est l'opposition entre Bond et Goldfinger. Le choix de Gert Froebe est une idée lumineuse : il accentue les contraste avec l'agent britannique. Là où Bond est élégant, l'autre reste rustique, lourdaud. Quand Bond parvient à se maîtriser et garde une distanciation ironique sur les événements, Goldfinger est colérique et fonce tête baissée.
Entre les deux, les personnages féminins sont de véritables personnages, et non des potiches. Rappelons qu'Honor Blackman était une des compagnes de John Steed dans une version de Chapeau Melon et Bottes de cuir et signalons que Shirley Eaton (qui se fait recouvrir d'or) est l'obsession du narrateur du Testament à l'anglaise, de Jonathan Coe.
Quant aux personnages récurrents (M, Q et Miss Moneypenny), ils sont particulièrement drôles dans cet épisode.
Par contre, le personnage de Oddjob (le serviteur muet et coréen de Goldfinger) frôle le ridicule (et encore, je suis gentil, parce qu'il fait plus que le frôler). Son rôle est sûrement prévu pour être inquiétant, mais le résultat est raté.
L'autre grande qualité du film, c'est son scénario, très bien construit.
Je me dois d'ajouter que la première demi-heure du film est vraiment stupéfiante et remarquable. Mais, dans l'ensemble, cet épisode est surestimé.