Pour ce troisième opus de la célèbre franchise d'espionnage britannique, Terence Young cède sa place de réalisateur à un certain Guy Hamilton, un metteur en scène bien réputé à son époque et qui a développé de solides compétences cinématographiques suite à la réalisation de films potables comme L'assassin a de l'humour ou Un inspecteur vous demande. La franchise était donc entre de bonnes mains et c'est certainement une bonne initiative à prendre. C'est même une décision que j'ai souvent plus ou moins considéré bonne à prendre quand il s'agit de développer une nouvelle vision des choses avec un autre savoir professionnel à appliquer.
La chose est donc faite, on quitte un peu l'esprit du second bien rempli en scènes mouvementées pour retrouver celui du premier, c'est à dire une production qui déroule un scénario intrigant avec des scènes de dialogues fort bien menées. Ça peut créer des déceptions, voire même faire peur à des fans mais ce troisième opus est tout à fait honorable sur plusieurs points. Tout d'abord, Sean Connery n'a rien perdu de son charme éternel et de sa virilité remarquable qui font de lui un espion élégant et captivant. Son physique et son allure apportent toujours un atout considérable pour construire une personnalité du professionnel qui fait mouche à tous les coups, en particulier pendant les scènes dialogues avec les femmes.
En parlant un peu d'elles, on a une Honor Blackman qui est une interlocutrice féminine intéressante pour James Bond, c'est une vraie beauté ravageuse, assez directe dans ses propos et agissant avec un caractère fort autoritaire, le genre de femme qui ne se laisse pas marcher sur la tête. Le reste du casting est tout aussi satisfaisant que cette dernière. Gert Fröbe casse inéluctablement l'image habituelle d'un méchant avec son ventre dépassant du pantalon et n'est pas du genre à chercher les conflits physiques. Il est plus dans la stratégie et l'organisation minutieuse, ce qui fait de lui un méchant d'un nouveau genre et évidemment mémorable.
Comme lui, son majordome joué par l'imposant catcheur Harold Sakata est un opposant assez pittoresque à voir mais convaincant avec son sourire narquois et l'utilisation magique de son fameux chapeau melon tueur. Ce dernier nous offre une magnifique lutte impensable avec Sean Connery dans les décors de l'entrepôt de Fort Knox, reconstruit à l'identique du vrai bâtiment. Le film mérite également son succès par la conduite saisissante de James Bond dans son Aston Martin DB5 bourrée d'armes de gadgets, dont le fameux siège éjectable qui est un des moments les plus insolites de la course.
On découvre également des scènes étonnantes et qui captent considérablement notre attention comme la femme couchée sur le lit et recouverte d'or ou la scène de torture de James Bond avec le laser. Ce sont plein de petites trouvailles qui font la réussite de cet opus qui est pratiquement de la même qualité artistique et cinématographique que celle des deux précédentes réalisations, avec en plus une mise en scène très soignée et un rythme tout à fait convenable, sans omettre la bande son de forte intensité musicale. Pour l'instant, la franchise semble emprunter un bon chemin, il n'y a plus qu'à espérer que cela continue. 8/10
Voyons Oddjob, je pensais que vous enleviez votre chapeau devant une Lady ?