Fièvre froide
Osamu Dezaki, je ne le connaissais que par l’entremise de Ace wo Nerae, le film Clannad, et de réputation via La rose de Versailles, Rémi sans famille et Oniisama E – et son influence énorme sur ce...
Par
le 3 juin 2022
4 j'aime
Un film d'animation japonais de 1983, techniquement et narrativement très vieilli, au carrefour de plusieurs tendances de son temps.
Car ce Golgo 13, sans doute le film le plus faible techniquement que j'aie vu de Dezaki jusqu'à présent (nombreuses fautes de raccords, action parfois extrêmement brouillonne, animation hachée et parfois tressautante) apparaît d'abord comme un vestige d'une époque révolue de l'animation, celle de "l'animation limitée", dont Dezaki (lui-même issu de l'école Tezuka) fut l'un des maîtres, mais ici totalement à bout de souffle. Le contraste entre ces lacunes techniques et quelques séquences que nous propose le film dans la 3D (ultra-)balbutiante de l'époque n'en est que plus cocasse...
Le film de Dezaki est aussi symbolique d'une entrée de l'animation japonaise dans une phase plus "mâture", à l'orée des années 80, où sexe et violence débridés seront amenés à abonder. On ne peut guère me soupçonner de ne pas être un bon client pour ce type de contenu, mais, malheureusement, le récit, grotesque de bout en bout, s'y adonne avec la subtilité d'un mammouth lancé au milieu d'un champ de fraises (là aussi, pourrait-on dire, dans la lignée de l'école Tezuka, dont les productions "adultes" / "gekiga" n'ont jamais été le point fort, tant en manga qu'en animation)...J'aurai rarement vu des méchants aussi ridicules dans un animé - cf. les "hommes au crochet" et autres "hommes serpent" sortis d'on ne sait où. Et le traitement des personnages féminins, ramenées le plus souvent à des pures machines pulsionnelles superficielles, est plus lamentable qu'autre chose (outre bien entendu le machisme aussi gras que totalement assumé de l'époque).
Au final, je suis peut-être minoritaire à le penser, mais j'ai trouvé que l'OAV Queen Bee, également réalisée par Dezaki une dizaine d'année plus tard était, tous comptes faits, bien mieux foutue et intéressante, malgré quelques défauts, comme proposition autour d'une franchise par ailleurs elle-même assez peu digne d'intérêt pour ce que j'en connais désormais. Cela faute principalement à un "héros" amoral, insensible, taciturne, monolithique et...tout simplement ennuyeusement cliché (type de personnage qui peut peut-être faire fantasmer un ado mais qu'on aura du mal à trouver palpitant la trentaine passée).
Une déception donc, pour un film daté, qui aura pourtant fait un gros carton au box-office en son temps et qui, j'ai l'impression, aura su se faire une petite carrière à l'export en Occident. Mais la comparaison, par exemple, avec Le Château de Cagliostro de Miyazaki, réalisé en 1979 (soit 4 ans avant ce Golgo 13) - toujours aussi fabuleux à regarder en 2020, et dont la licence (Lupin III) est globalement proche dans ses enjeux (l'humour en plus néanmoins) - ne tourne clairement pas à l'avantage du film de Dezaki. C'est le moins que l'on puisse dire...
Créée
le 6 juin 2020
Critique lue 413 fois
2 j'aime
5 commentaires
D'autres avis sur Golgo 13, the Professional
Osamu Dezaki, je ne le connaissais que par l’entremise de Ace wo Nerae, le film Clannad, et de réputation via La rose de Versailles, Rémi sans famille et Oniisama E – et son influence énorme sur ce...
Par
le 3 juin 2022
4 j'aime
Golgo 13 : The Professional, c'est des images somptueuses avec une touche pop art, une musique lancinante à la Cowboy Bebop, une histoire qui met à l’épreuve les capacités légendaires du tueur hors...
Par
le 19 sept. 2015
4 j'aime
Osamu Dezaki est un très grand nom de l’animaton japonaise. On lui doit notamment les films tirés de séries populaires telles que Astro Boy (1964), Rémi sans famille (1980), Black Jack (1996) ou...
Par
le 11 mars 2013
4 j'aime
1
Du même critique
(Vu en avant-première au Forum des images) L'animation française m'étonnera encore et toujours en bien en pondant régulièrement des pépites à partir de budgets riquiqui (Tout en haut du monde, La...
Par
le 5 juil. 2019
32 j'aime
Cette BD semble rencontrer son petit succès populaire et critique (autant qu'on peut en juger au doigt mouillé en se baladant sur le net). Cela peut déjà s'expliquer un peu superficiellement par une...
Par
le 31 déc. 2017
23 j'aime
25
Si cette série s'était limitée à ses tous premiers épisodes (introduction de l'univers) et à ses trois derniers
Par
le 9 janv. 2018
22 j'aime
25