Je m'attendais au pire, dans la lignée du succès monstrueux (dans tous les sens du terme) de Un ptit truc en plus car le handicap cinegenique n'intéresse le public que s'il est pris sous l'angle de la belle lecon de vie comiquo mélo.


Ce documentaire n'est pas totalement épargné par des affeteries visant aux mêmes intérêts, avec son duo star des réseaux sociaux cochant toutes les cases du vivre ensemble malgré les épreuves de la vie. Cumuler handicap psychique (en l'occurrence le trouble du spectre autistique pour Golo, de toute évidence pas ou peu sévère au vu de sa relative autonomie), misère sociale et politique banlieusarde avec comme ultime but la rédemption c'est tracer une trame assez balisée et conventionnelle.


Sauf que ces écueils sont globalement plutôt évités, ou avec d'intéressantes précautions lorsque ce n'est pas le cas. Il n'est par exemple jamais asséné avec grandiloquence le TSA du premier, et à peine mentionné deux ou trois fois. Cela se voit naturellement par son attitude, notamment par quelques accès de colère/violence envers son complice. Le second évoque très peu la religion, et l'accent n'est pas mis sur leur fois (catholique/musulman), sauf lors d'une courte séquence dans un couvent. Le documentaire n'enjolive pas non plus déraisonnablement la situation dramatique du milieu ou ils vivent (près de Fleury Merogis en Essonne), mais n'en fait pas le moteur principal.


C'est avant tout le défi de parcourir le pays en vélo et ce que cela demande comme endurance qui intéresse les deux cinéastes. On les voit peiner à dévaler des côtes dignes du Tour de France, tout en exultant de leur réussite sportive. Cela donne lieu à de très beaux cadres de cinéma, quelques fois en plans larges depuis ce qui s'apparente à un drone. Accompagnés par des Messes Schubertiennes/Mozartiennes pour souligner la beauté du geste. Car il apparaît important pour ces metteurs en scène que ces prolétaires ne soient pas cantonnés à l'image qu'ils peuvent renvoyer mediatiquement. S'élever spirituellement par l'effort, en faisant fi des origines, un geste vraiment touchant pour quiconque accorde de l'importance à la transcendance.


S'y rajoutent un rythme involontairement comique induit par la personnalité de Golo, une figure protectrice très touchante de Ritchie et une durée parfaite pour éviter l'overdose de bons sentiments (75 minutes, générique compris). Pas le chef-d'œuvre de l'année, mais suffisamment respectueux envers les sujets abordés (c'est suffisamment rare pour être souligné!!!!) qu'on lui souhaite un succès bien plus franc que le pathétique et irresponsable Artus (et toute sa clique!). Tellement peu de chance malheureusement......

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le 24 août 2024

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