C'est un film tiré d'un récit journalistique. Un film qui ne pouvait être un documentaire car le sujet dont il traite, le crime organisé, ne peut faire l'objet d'un tournage de type cinéma-vérité. Gomorra nous amène là où nous ne pouvons aller. Là où nous ne voulons aller : à Naples, au pays de la Camorra. Là où la vie ne vaut pas cher, où des truands se font assassiner sous la lampe à UV en chantant du Eros Ramazzoti ou quelque chose d'avoisinant. Là où des gamins jouent pour eux-mêmes des scènes entières de Scarface, en faisant mine d'oublier que leur fin sera bien plus triste et dérisoire que celle de Tony Montana. Là où il est impossible de gagner sa vie honnêtement, car cela remettrait en cause tout le système. Une société à l'envers. Un miroir face auquel on se sent tout bizarre. Surtout lorsqu'on comprend au détour d'une histoire, puis d'une autre, que la pieuvre, est au coeur de notre système, de notre économie, de notre tranquillité. Et que la culpabilité n'est même pas une issue.