Le film parait assez simple, une histoire d’amour entre deux jeunes femmes employées comme contrôleurs dans des cabines de téléphériques qui se croisent toute la journée.
L’originalité vient du concept même du film, il est quasi entièrement muet, seule la musique et les bruits environnants viendront troubler le mutisme apparent des personnages. On entre donc complètement dans un univers féérique.
Les personnages secondaires sont plutôt caricaturaux et semblent justement tout droit sortis d’un conte (le méchant patron, la marâtre, la petite fille espiègle, les vieux paysans). Les deux protagonistes ont finalement assez peu de caractérisation si ce n'est leur béguin respectif.
Au bout de 15 minutes le doute s’installe, on a relevé l’audace de la proposition mais on commence à se demander si l’heure supplémentaire est bien nécessaire, on a compris où l’histoire voulait en venir, on ne va pas se faire avoir encore une fois par une énième histoire d’amour larmoyante.
Et pourtant le film parvient à nous cueillir de plus belle
L’esthétique est très soignée et assez sublime. On adore voir ces cabines se glisser dans l’air au gré des fantasques idées de mise en scène. Elle s’accorde parfaitement avec l’univers enfantin et onirique du film.
Le film peut se reposer sur des idées et une créativité folles, on est constamment surpris par les inspirations du scénario qui joue au mieux du décor unique (et d'apparence assez restrictif) dont il dispose.
Les deux actrices principales sont remarquables et envoutantes dans cette partition sans paroles et on croit vraiment à cette passion qui les anime. Elles nous livrent une des histoires d'amour les plus touchante de cette année au cinéma.
La musique enfin, élément encore plus important dans un film sans paroles est utilisée avec beaucoup de charme, de l'entêtante intro qui nous rappelle la douceur d'Amélie Poulain jusqu'aux prestations plus classiques, elle accompagne avec grâce les actions des personnages.
Cette poésie folle, cette simplicité désarçonnante, c’est toujours un plaisir de la retrouver au cinéma et je trouve que Gondola touche au but avec cet œuvre ambitieuse et fragile à la frontière entre Amélie Poulain, le cinéma de Tati ou encore le plus récent Perfect Days, une vraie belle expérience.