Gondola n’est pas exempt de défauts, loin de là, mais il possède ce rare pouvoir d'agiter le palpitant malgré ses faiblesses.
On pourrait en pointer plusieurs : un jeu d’acteur amateur et approximatif pour tous les seconds rôles, une première partie qui peine à trouver son rythme et installe une certaine langueur monotone.
Sa naïveté enfantine pourrait être perçue comme un autre défaut, mais ici, elle se transforme en véritable déclaration de sincérité, une respiration bienvenue face au cynisme ambiant du cinéma contemporain.
L’absence totale de dialogues n’a rien d’une coquetterie esthétique : elle participe pleinement à l’atmosphère poétique du film. On sent toute l’équipe portée par l’envie sincère de livrer une œuvre douce et joyeuse, en faisant fi d'un budget qui ne doit pas dépasser les 6,45 euros.
Voir éclore en 2023 une telle romance burlesque, empreinte d’une poésie doucement absurde, est un bonheur. Pas un bonheur total (d’ailleurs, cela existe-t-il ?), mais un bonheur tout de même.