Amy pour la vie
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le 22 oct. 2014
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Un thriller psychologique percutant qui m'a captivé dès les premières minutes par sa manière de disséquer les relations conjugales et de manipuler notre perception du vrai et du faux. Adapté du roman de Gillian Flynn, qui a également écrit le scénario, le film se distingue par sa construction narrative intelligente, son ambiance glaciale et sa mise en scène clinique, des caractéristiques typiques de l’œuvre de Fincher.
La manière dont Gone Girl joue constamment avec les attentes du spectateur est admirable. Dès le début, l'histoire nous présente Nick Dunne (incarné par Ben Affleck et croyez moi que ça a de l'importance ici) comme le mari potentiellement coupable de la disparition de sa femme Amy.
Cette construction narrative, qui se déroule en deux temporalités (présent et flashbacks), est à la fois intrigante et déstabilisante, car elle nous force à remettre en question tout ce que nous pensons savoir.
Le film aborde des thèmes profonds tels que la manipulation, la superficialité des apparences, et surtout la question de la confiance dans un mariage. À travers les révélations successives sur le passé d'Amy, le film montre comment cette femme brillante et calculatrice transforme chaque aspect de sa vie en une performance. Ce thème de la manipulation est d'ailleurs l'un des points centraux qui m'a profondément marqué dans le film. La façon dont Amy orchestre sa propre disparition est non seulement impressionnante par son machiavélisme, mais aussi révélatrice d'une société obsédée par les médias et les perceptions extérieures.
Rosamund Pike, dans le rôle d'Amy, livre une performance absolument glaçante. Elle parvient à rendre son personnage à la fois séduisant et terrifiant. Amy n'est pas simplement une victime ou une femme manipulatrice, elle est une femme complexe, profondément insatisfaite, qui décide de reprendre le contrôle de sa vie de la manière la plus extrême possible. Sa transformation, tout au long du film, est fascinante et dérangeante à la fois. Il est difficile de ne pas être à la fois horrifié et impressionné par la manière dont elle manipule tout et tout le monde autour d'elle.
Ben Affleck, de son côté, incarne Nick avec une certaine ambiguïté. Au début, il est difficile de cerner si Nick est réellement coupable ou simplement une victime des circonstances. Sa relation avec les médias, son infidélité, et son comportement étrange le rendent suspect, mais Fincher parvient à semer le doute chez le spectateur jusqu'à la toute fin.
On dit souvent de cet acteur qu'il joue mal et qu'il est sans vie (je suis généralement d'accord avec cette remarque) c'est donc l'acteur parfait pour incarner Nick et c'est à chaque fois justifié. Je trouve ce casting ingénieux car il tire partie du charme froid d'une Rosamund Pike et du jeu sans vie de Ben Affleck.
Ce qui rend Gone Girl si puissant, c'est aussi la manière dont il met en lumière les dysfonctionnements de la vie conjugale moderne. Amy et Nick sont l'incarnation de la façade du couple parfait, mais derrière cette image, se cachent des désirs refoulés, des mensonges et des frustrations. Le film n’hésite pas à montrer la manière dont les couples peuvent se perdre dans des jeux de pouvoir, de domination, et de manipulation. Le mariage, dans Gone Girl, est moins une union sacrée qu’un champ de bataille, où chacun tente de protéger ses intérêts tout en maintenant une image de bonheur.
Sur le plan technique, la mise en scène de Fincher est, comme toujours, impeccable. Il maîtrise parfaitement l'art du suspense, jouant avec les attentes du spectateur grâce à une photographie froide et des décors souvent aseptisés. La musique de Trent Reznor et Atticus Ross renforce cette atmosphère oppressante, créant une tension palpable tout au long du film.
Le retournement de situation central, qui révèle qu'Amy a en fait simulé sa propre disparition, est un coup de maître narratif. Ce moment redéfinit entièrement le film, transformant un thriller de disparition en une exploration des dynamiques de manipulation et de pouvoir dans un couple. Le film ne se contente pas de surprendre pour surprendre, il nous pousse également à réfléchir sur les attentes que nous avons vis-à-vis des relations et sur la manière dont elles sont perçues par la société.
L’un des aspects les plus troublants de Gone Girl est la conclusion. Contrairement à beaucoup de thrillers où une résolution claire est apportée, ici, nous sommes laissés avec une fin ambivalente, où Amy réussit à maintenir son emprise sur Nick, et ce dernier semble capituler face à la situation. C'est une conclusion à la fois frustrante et fascinante, car elle laisse le spectateur avec un sentiment d’inconfort persistant. J'avais écris quelques lignes sur le manga Old Boy, qui est l'exemple parfait de la fin raté, qui c'est voulu subversive, en jouant avec les codes. Ici, nous sommes sur le contre exemple parfait!
En somme, Gone Girl est une œuvre complexe, subtile et troublante qui explore les aspects les plus sombres des relations humaines. Grâce à une narration soignée, des performances d'acteurs exceptionnelles et une mise en scène maîtrisée, le film nous plonge dans une réflexion captivante sur la manière dont nous percevons la vérité, la manipulation, et l'image du couple parfait.
Les retournements de situations s'enchainent avec force à tel point que j'ai fini par me dire que le film se transformait par moment, comme s'il y en avait deux en un.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs films de 2014, Les meilleurs films de David Fincher et Les films avec les meilleurs méchants
Créée
le 3 oct. 2024
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