Don't ask me if this is a just war. It's just war.

Andrew Niccol s’était fait un peu discret ces dernières années avec un film au concept intéressant mais très moyens (Time out) et un autre dont je n’ai pas entendu beaucoup de bien (Les Âmes vagabondes). Le film est l’occasion pour lui de retrouver Ethan Hawke. Que ressort-il de ce film, présenté comme l’anti-American Sniper par certaines critiques ? Une nouvelle fois, une histoire très inspirée de l’auteur-réalisateur. On rentre très vite dans le fond du sujet et on assiste impuissant à l’horreur de cette guerre…à distance. On voit des choses plus que révoltantes dans ce film, et on entend des choses bien pires. Le film dénonce ouvertement l’utilisation des drones sur le théâtre des opérations d’une part avec le message qu’il transmet, mais aussi les réactions des personnages eux-mêmes.

Et ce qu’il dénonce (et qui fait sa force), ce n’est pas nécessairement les conséquences de cette utilisation, ce sont les raisons de cette utilisation. Et c’est ce qui rend la chose encore plus révoltante, horrifiante même. Certains passages sont au-delà de toute compréhension. Concernant les personnages, on retrouve beaucoup de clichés exagérés certes, mais c’est surtout leurs relations qui est moyennement exploités : hors mis entre Tommy et sa femme, et entre Tommy et son commandant, c’est vraiment très bofbof et prévisible comme truc.

Le casting est plutôt bon dans son ensemble, et notamment Ethan Hawke qui réussit à nous transmettre toute l’horreur de la situation à laquelle non seulement il est témoin mais aussi à laquelle il participe. On le voit complètement perdre pied et il ‘l’interprète à merveille. Techniquement, c’est d’un niveau plutôt bon. Décors et musiques sont corrects. La mise en scène est quant à elle d’une immersivité rare. C’est elle qui nous permet de nous plonger dans cette histoire et d’en voir chacun des aspects. On assiste à tout depuis cette caisse en métal au milieu du Nevada et on ne voit qu’à travers des écrans.

Certaines scènes sont la réflexion parfaite d’une des répliques du film : la guerre est devenue une FPS. Et ça en devient glaçant par moment. Car contrairement aux autres films de guerre, où on est sur le terrain avec les soldats et où on sent une tension, une menace tout le long (quelle que soit la guerre choisie, c’est le propre du genre, n’est-ce pas ?) ; là, on ne ressent rien. Pas la moindre menace. On est juste assis tranquille et on regarde des écrans. Le personnage de Tommy l’exprime d’ailleurs très bien à un moment donné. Cela est permis par cette mise en scène incroyable.

Sans forcément signer son meilleur film, Andrew Niccol nous prouve encore une fois qu’il est toujours là pour nous conter des histoires que nous connaissons tous plus ou moins mais d’une façon qui nous fait amène à réfléchir sur nos buts. C’est ce qui rend Good Kill si particulier et qui en fait un thriller de guerre à voir absolument !