Video clip kills the radio stars
Après Love Actually, lorsqu’on apprend que Richard Curtis prend pour sujet la pop du swinging London et les radios pirates, notre cœur s’emballe. Sujet libertaire, coloré et diablement entrainant, c’est l’occasion rêvée pour ce petit orfèvre du film choral.
Effectivement, son talent de portraitiste est toujours aussi bien exploité. Les personnages sont attachants, bigarrés et souvent drôles, avec une mention particulière pour Branagh, très bon en ministre british hargneux et Bill Nighy (mais qui pourrait jouer un balai dans une cave que je regarderai les scènes coupées).
La bande son est évidemment sublime, et toute l’Angletterre danse et vit par procuration les aventures radiophonique d’un équipage rock n’roll.
Le problème est un peu là : Good Morning England est un clip. Très joli, convenons-en, qui s’assume pleinement comme un feel good movie ne s’embarrassant ni de cohérence, ni de crédibilité (en témoigne le final hippie power), mais qui se contente finalement d’enchainer les sketches sans véritable colonne vertébrale. Long (une constante chez Curtis, souvent légitime), sans grande justification dans son découpage, il pourrait durer une heure de moins comme une de plus. Surtout, on aurait aimé voir traiter avec moins de dilettantisme l’aspect social et idéologique des radios pirates, et le vent de révolte qu’elle relayaient, qui dépassait assurément le fait de se déhancher sur son lit à l’internat ou dans son garage au sein d’une grande et colorée chorégraphie nationale.
(6,5/10)