Pépite méconnue du cinéma de Damiano Damiani, Goodbye & Amen s'avère être un film beaucoup plus intéressant qu'il n'y paraît et va mélanger avec une grande habileté plusieurs genres pour déjouer les attentes du spectateur.
Ainsi, si le film commence comme une histoire d'espionnage avec des agents de la CIA complotant pour faire assassiner un dirigeant africain, Damiani va vite passer à autre chose, faisant muter son métrage en un thriller paranoïaque rappelant "meurtre sous contrôle" de Larry Cohen avec son tueur de masse, avant de bifurquer vers le home invasion avec un couple pris en otage par le tireur, ce qui va contrecarrer à la fois les plans de la CIA et les promesses initiales du film.
Si le message politique est plus discret qu'à l'accoutumer chez Damiani, on peut dire que Goodbye & Amen marque une évolution par rapport au reste de sa filmographie, habitué à parler de problèmes propre à l'Italie de son époque et notamment à la corruption de ses élites et à l'influence de la mafia, comme avec "Confession d'un commissaire de police au procureur de la république" et "La mafia fait la loi".
Face à une mondialisation effrénée, il opère ici un pas de côté pour s'occuper de problématiques plus internationales, à savoir l'interventionnisme américain, décrivant alors la CIA comme un organisme déshumanisé et sans morale. Celle-ci n'est d'ailleurs pas étrangère à la folie qui va gangrener le tueur, Damiani en profitant pour tacler les conséquences sociales de cette politique où les individus sont réduits à l'état de pions interchangeables. La fin ne laisse d'ailleurs pas de place au doute quant à la finalisation de l'objectif initial de ces agents, qui malgré le contre-temps de la prise d'otage, feront preuve d'un certain pragmatisme glaçant pour éliminer cet obstacle et reprendre leur mission.
D'une efficacité redoutable, le film s'avère très plaisant à suivre, avec un bon casting (Claudia Cardinale et Tony Musante notamment) et ne cesse de surprendre de par ses rebondissements et ses passages d'un genre à l'autre. Il faut noter également l'excellente BO de Guido & Maurizio De Angelis qui reste en tête bien après le visionnage et accentue le climat inquiétant du métrage avec sa ritournelle électronique.
Damiani perdra malheureusement de son aura par la suite, à l'aune des années 80, Goodbye & Amen ouvrant un nouveau cycle de polar, plus confidentiels et moins soutenus par la critique que ses œuvres précédentes. Le film est disponible en Blu Ray chez Artus film dans un superbe coffret Damiano Damiani, comprenant "Nous sommes tous en liberté provisoire" et "Comment tuer un juge ?".