Fatih Akin retrouve avec bonheur l'été et le genre du road movie tout ensemble, deux axes qu'il avait déjà entremêlés de façon jubilatoire dans son "Im Juli" ("En juillet" ; titre français : "Julie en juillet"), en 2000.
La narration n'unit plus, ici, les irrésistibles Moritz Bleibtreu et Christiane Paul, mais deux adolescents que tout opposait, l'enfant sage et brillant issu d'une famille germanique et un peu folle, Maik, et l'immigré rebelle mais non moins doué, l'éponyme Tschick. L'un et l'autre se retrouvant, pour des raisons spécifiques, livré à lui-même au seuil de l'été, Maik accepte finalement de se laisser embarquer pour une folle équipée par son nouvel ami, qui entend rejoindre son grand-père en Valachie, dans une antique Lada bleue, volée.
Passant de la critique sociétale (le relatif abandon d'enfants issus de milieux favorisés par leurs parents à demi-irresponsables et occupés seulement d'eux-mêmes...) au road movie, Fatih Akin emboîte le pas de ses deux ados lancés sur les routes teutonnes, ouverts aux rencontres et aux aventures les plus diverses, les baffles de leur Lada saturés de décibels. L'écart n'est pas craint, dans le bousculement des préjugés (nos deux jeunes gens s'enivrant d'une cassette de Richard Clayderman), comme dans la rupture de rythme (ces moments véritablement suspendus, au pied d'éoliennes qui joueront également un rôle de phare et de point de ralliement).
Emporté par cette exaltation de l'amitié, dans l'insouciance de l'été et du mur contre lequel elle se précipite, le spectateur quitte la salle agréablement traversé d'énergie juvénile.