Je ne sais pas quoi penser. En lisant le pitch, je me suis dit que j'allais adorer ce film, que c'était une œuvre faite pour moi... puis je l'ai vu.

Je ne suis pas familier avec le réalisateur, mais de ce que j'ai compris, il aime faire des films avec des plans très longs et peu de dialogues. Il parle souvent de la solitude, et effectivement, ce film semble parfaitement correspondre à cette description.

Pour être honnête, je me suis rarement autant ennuyé devant un film. Il dure 1h20, mais j'ai eu l'impression qu'il en faisait trois fois plus, et c'est bien normal vu qu'il ne se passe presque rien, avec des plans qui traînent en longueur. Passées les vingt premières minutes où l'on peut admirer la beauté des plans, la composition somptueuse, notamment avec un jeu de perspective et de lumière, on commence à se demander quand le film va enfin décoller... spoiler : JAMAIS.

En fait, je m'attendais à tout autre chose, donc je suis tombé de haut en me retrouvant embarqué dans une direction que je n'avais pas du tout envie de prendre.

Mais alors, pourquoi tant de gens aiment ce film ? Parce que c'est une oeuvre au message fort, rempli d'idées ! On suit une poignée de personnages qui assistent à la dernière projection dans une salle de cinéma laissée à l'abandon, à part une technicienne de surface qui erre dans ce lieu désespérément vide. Le film nous dit que le cinéma est en train de mourir, et que tout le monde s'en fiche. Il aborde la mémoire, et la relation que le spectateur entretient avec ce lieu hors du temps qu'est la salle de cinéma.

Cette salle est hantée. Hantée par tous ceux qui y sont passés un jour, mais qui n'y reviendront plus après cette ultime séance. Elle projette en guise de dernier film Dragon Inn, un vieux film assez méconnu, auquel tout le monde semble indifférent, sauf peut-être deux des acteurs du film, qui, des décennies plus tard, contemplent impuissants leur propre passé. Vous vous rendez compte de la force de cette idée ? À quel point c'est brillant ?

Ainsi, alors que le film se déroule à l'intérieur du film, on a le temps de réfléchir, de s'ennuyer, de se demander ce qu'on fait là. Puis, on finit par accepter que, même si cette lenteur est désagréable, elle n’a jamais eu autant de sens que dans ce film. On l'accepte parce qu'elle symbolise quelque chose de plus profond et invite le spectateur à rejoindre ceux du film pour vivre tous ensemble cette dernière séance.

Au final, j'ai peut-être vu un grand film aujourd'hui, mais je ’ai été frustré par ce qu'il proposait. Peut-être qu'un autre jour, dans une autre salle, l’expérience sera différente, qui sait ?

Hugolito88
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le 15 sept. 2024

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Hugo Budin

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