De Tsai Ming-liang je n'ai vu que les rebelles du Dieu néon, qui m'avait laissé assez dubitatif je crois bien. J'avais coupé la saveur de la pastèque après trente minutes alors qu'il passait à minuit sur Arte parce que je m'endormais (mais ce n'était pas la faute du film). Et j'ai oublié un peu ce qu'étaient ces deux films, la surprise en voyant Goodbye, Dragon Inn n'est est que plus grande.


Ce film m'a fait penser à autres films qui se passent dans un cinéma un que j'aime : Shirin et un que je déteste : la chatte à deux têtes. Ici contrairement à Shirin il peut arriver que l'on voit l'écran, que l'on voit le film qui passe et franchement ça donne envie de revoir Dragon Inn (le film diffusé) que j'ai sans doute sous-évalué la première fois que je l'ai vu, mais on voit le plus souvent les gens qui regardent le film ou les gens qui travaillent dans le cinéma.


J'ai lu le synopsis après avoir vu le film et je ne sais pas si j'ai mal lu les sous-titres, mais je n'ai pas compris ça du tout, après il faut dire que je n'ai pas cherché à comprendre non plus, que j'étais au contraire bercé par l'expérience sensorielle qu'était ce film. Il y a très peu de dialogues, tout passe par de longs plans, avec des personnages qui ne bougent que très peu.


Mon plan préféré est d'ailleurs celui sur cette immense salle de cinéma qui doit bien faire 600 places, entièrement vide. Le plan dure, on voit l'ouvreuse traverser la salle avec son pied bot ou je ne sais quoi, puis le plan continue et continue encore. Et malgré tout il y a un rythme, ce n'est jamais mou, Tsai Ming-liang sait quand couper, il sait lorsque ça sera trop.


C'est un film qui m'a totalement apaisé, moi qui était pas réellement serein avant de le lancer, il m'a fait un bien fou. Alors j'aurai peut-être moins aimé si je n'étais pas dans des conditions particulières, néanmoins ça n'en reste pas moins un film extrêmement puissant, qui tire toute sa puissance de son calme, de sa beauté visuelle, du fait qu'il redonne du temps au temps.


D'ailleurs je me demande ce qu'aurait pensé Guy Debord de ce film qui fait exister le temps, qui montre toute l'action. Et bien souvent l'action, c'est ce que fait cette jeune femme boiteuse, un travail pas forcément palpitant (tirer la chasse d'eau dans tous les toilettes par exemple) mais qui rend tellement bien à l'écran.


Et si les relations entre les personnages ne semblent pas forcément réalistes, tant elles se font dans le silence et la lenteur, mais elles n'en restent pas moins très vraies. En tous cas ça m'a profondément touché de voir ce type pleurer devant Dragon Inn, de voir ces gens échanger brièvement...


Il est temps que je parcoure la filmographie de Tsai Ming-liang.

Moizi
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le 4 juin 2016

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Moizi

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