Se libérer du mensonge pour enfin vivre

« - Pourquoi tu mens au lieu de dire la vérité ?

- Certaines personnes ne veulent pas entendre la vérité.

- Tu aimerais qu’on te mente à toi ?

- Seulement si c’est fait avec de bonnes intentions. »


Que dire de ce film ? J’en ressors profondément bouleversée et il restera en moi sans doute encore très longtemps. Il y a tant de choses à dire que je ne sais pas par où commencer. Tout commence par une histoire de mensonge, par une rencontre qui n’est pas due au hasard mais à un mensonge. Un mensonge qui est devenu presque une habitude face à un mari et un cadre de vie beaucoup trop oppressif. Au-delà d’un mensonge à l’autre, c’est avant tout un mensonge à soi-même. Car la réalité est trop difficile à voir en face. Car on ne se permet pas d’être pleinement heureuse et de réaliser ses rêves, donc on continue à se mentir à soi-même.


C’est aussi et avant tout l’histoire d’une rencontre, d’une amitié entre deux femmes qui vivent toutes les deux à Khartoum, au Soudan, mais que pourtant tout oppose : l’une est musulmane, l’autre est chrétienne. L’une vit dans un milieu aisé et a tout pour être heureuse mais renferme une tristesse profonde, l’autre est issue d’un milieu modeste et vient de perdre son mari mais n’a pas d’autre choix que d’aller de l’avant pour son fils. Une dualité entre les deux héroïnes, symbolique de la dualité entre le Nord et le Sud du pays, mais également une dualité constante entre Monia et son mari (« Tu ne me connais pas. Tu ne sais même pas ce que j’aime ou n’aime pas. Si tu apprenais à me connaître, peut-être que tu pourrais m’aimer. »). Elles n’appartiennent pas au même monde et pourtant elles sont capables de vivre ensemble, de devenir une famille. Et c’est là tout l’enjeu du film.


Et puis d’un coup le mensonge se fait trop lourd. Monia s’effondre. Elle est épuisée d’avoir porté ce fardeau pendant des années. Elle ne veut plus être hantée par son passé, comme cette maison dans laquelle elle vit. Elle veut rétablir la vérité. Pour commencer à vivre, enfin.


Un film poignant sur la sororité, l’amitié, le pardon, la paix, la reconnaissance de son passé, le vivre ensemble et l’amour de l’autre.


Un film important pour comprendre le conflit au Soudan. Un film profondément féministe qui nous rappelle à quel point un changement de mentalités est nécessaire, que ce combat doit être porté par des femmes et que le chemin vers l’égalité entre les hommes et les femmes est encore bien trop long. Et comme ça fait du bien de voir un duo de femmes à l’écran, je n’oublierai pas le regard de Julia 🤍

eternelleutopie
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le 9 juil. 2024

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