Corruption, travail clandestin, immigration et homosexualité : la palette des thèmes abordés dans le nouveau film de Nadir Moknèche est large. Surtout chargée et donc inaboutie. A force de vouloir traiter de tous les phénomènes sociaux et économiques qui caractérisent et handicapent quelque part le Maroc - dont la ville de Tanger en plein développement semble bien en constituer l'illustration la plus probante - le réalisateur joue surtout de l'accumulation des événements marquant l'interdépendance, parfois outrée et forcée, des personnages entre eux. D'évidence, le film pêche par son trop-plein, le déroulement d'un scénario volontariste et inutilement alambiqué, qui ne parie jamais sur l'intelligence du spectateur à qui tout est expliqué, sans doute imaginé perdu dans le dédale des repères temporels et événementiels. Pourquoi cette idée saugrenue d'émailler le film de deux indications incrustées à l'écran pour signifier un flash-back et le fait majeur de l'histoire ? De Dounia, la patronne autoritaire et manipulatrice, à son amant serbe, veule et secondaire, en passant par Ali l'ami d'enfance secrètement amoureux, les personnages sont terriblement caractérisés, sans beaucoup de nuances. Au même endroit, dans des thématiques proches, le français André Téchiné avait séduit avec le très romanesque Les Temps changent. C'est cette dimension épique de l'incandescence provoquée par la ville et son affairisme galopant et quelquefois illégal qui fait défaut principalement à Goodbye Morocco.