Psychose(s)

« Goodnight Mommy » est ce que les Précieux Ridicules ont dégoté de mieux dans leur si particulier dictionnaire français du pauvre pour traduire Ich seh, Ich seh (Je vois, je vois), cet effroyable drame psychologique autrichien qui vire en brillante horreur psychotique.
Deux jumeaux de 11 ans évoluant en une complicité quasi symbiotique sont en vacances dans la luxueuse villa de campagne de leur mère, présentatrice de télé et récemment séparée, pendant que celle-ci y passe la convalescence de son opération esthétique faciale. Le nouveau cadre, l’apparence physique de leur mère, et surtout son étrange comportement, triste, sévère et inégal à leur égard, induisent le doute pour les enfants qu’elle ne serait qu’un imposteur. Une lutte de pouvoir de plus en plus abominable s’engage alors entre l’autorité maternelle et les stratégies vengeresses des monstrueux bambins destinées à la confondre.
Ce qui démarre comme un conflit domestique bon enfant vire en une affolante escalade de torture, dont le génie de la mise en scène prime la tension psychologique sur l’aspect horreur, déjà suffisamment atroce. Dans une montée aussi inquiétante, naïve et inventive qu’une enfance disloquée, le film nous achève d’un dernier souffle glacé de psychose dont Hitchcock aurait été fier. Je n’ai qu’une envie c’est de revoir le film, cette fois avec l’œil averti de celui qui connait les enjeux et la fin.