Si vous voulez vraiment voir LE film d'animation qui a révélé le talent de Takahata, ainsi que ses thématiques, c'est ce film qu'il faut voir.
En effet, les premiers films du futur co-créateur du studio Ghibli lui avait rarement laissé les mains libres : Horus, prince du soleil est connu pour ses disputes l'équipe créative et la Toei et ses autres réalisations étaient avant tout des travaux de commandes (Bouba, Heidi, Kié la petite peste, etc...) Frustré de ne pas pouvoir faire les films qu'il veut, Isao Takahata, qui avait déjà la quarantaine, s'associe alors avec un petit studio, Ô Production et avec une équipe réduite travaillant de façon quasiment bénévole met près de 6 ans à réaliser "Goshu le violoncelliste."
Le jeu en vaut la chandelle : Goshu le Violoncelliste se révèle vraiment réussi. Takahata arrive à étirer une petite nouvelle de Kenji Miyazawa sur une heure, en y ajoutant une lenteur contemplative et de la poésie. L'idée de faire tous les décors et le background sous forme de toiles peintes (on sent l'aquarelle) s'avère payant, car si le filme à vieilli dans son chara-design et son animation, il s'avère toujours plaisant et beau à voir. On comprend pourquoi il reprendra l'aquarelle dans d'autres films comme le Conte de la Princesse Kaguya.
On trouve dans Goshu le Violoncelliste tout un tas de thématiques chères à l'auteur. Goshu habite dans une petite cabane au milieu des fameuses "collines Ghibli", cette représentation de la campagne japonaise d'après guerre chère à Takahata et Miyazaki. Si l'on retrouve des thèmes animaliers (avec un tanuki trop-kawaiii) c'est surtout une oeuvre sur l'acharnement et la compréhension de l'art par l'ouverture aux autres.
Le fait d'avoir vu Fantasia un mois avant ce film n'est pas pour rien dans ce plaisir, vu qu'on retrouve la même volonté de vouloir retranscrire en animation des partitions de musique classique (le film est peu bavard...) et l'étude comparé de la façon de représenter la 6eme symphonie entre Walt Disney et ce film serait intéressante.
Le film connait un étrange parallèle avec lui même puisqu'il raconte à quel point le travail de longue haleine et l'amour de l'art est toujours récompensé. Amusant lorsque l'on sait que cette oeuvre solitaire ayant demandé beaucoup de temps sera récompensé par le prestigieux prix Noburō Ōfuji et que le film sera longtemps montré au japon dans les écoles de musiques.