À quoi bon ?
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Gosses de Tokyo est un film de Yasujiro Ozu sorti en 1932 avec Tomio Aoki, Hideo Sugawara et Tatsuo Saito dans les rôles principaux.
Le film nous conte l'histoire de deux frères, Keiji et Ryoichi, qui s'installent avec leur père et leur mère dans la banlieue de Tokyo. Les deux garçons à peine arrivés, seront victimes de brimades de la part d'une bande de gamins du quartier, en particulier un qui fait une tête de plus qu'eux !
Du coup, les garçons n'iront plus en cours, pour éviter de revoir ce persécuteur, sauf que le père sera très vite mis au courant par leur instituteur ...
Ma séquence préférée et celle qui illustre le mieux le film selon moi, est la séquence où le père, ses enfants, son patron et le fils du patron entre autres, vont assister à une projection dans le salon du patron.
Tout se passe bien, jusqu'au moment où le projectionniste passe un film où on voit le père des deux protagonistes fait des pitreries pour amuser son patron, mais ses enfants verront cela comme quelque chose d'humiliant, eux qui idéalisaient leur père comme la personne la plus importante ... le drame vient du burlesque et les enfants vont devoir apprendre dans ce film le principe de réalité de la société et de sa hiérarchie.
Avec en plus, tout un questionnement concernant la méritocratie et l'importance de l'école, car les enfants sont meilleurs que le fils du patron, mais vu que le patron a de l'argent et du pouvoir, son fils pourra prendre sa succession sans avoir à être meilleur que tous les autres, ce qui aura le don d'énerver l'ainé des deux protagonistes, qui donc ne veut plus aller à l'école s'il doit travailler comme un fou et finir employé comme son père ...
Les enfants dans le film n'auront de cesse de questionner la société, allant de l'importance de leur père, au choc du fait qu'il n'est qu'un employé, pour qu'ils essayent de déjouer le cercle vicieux en ne mangeant plus pour que le père n'ait plus besoin de travailler pour se rendre compte que ce n'est pas possible, malgré cela le film n'est pas pessimiste.
En effet, à la fin, les enfants se rendent compte que leurs parents ne sont que des hommes et permettent à leur père de faire des courbettes au patron sans mal le prendre, tout en décidant de rentrer dans l'armée plus tard pour être sûrs de ne pas employés de bureau (avec l'ainé général et son cadet lieutenant-général).
Dans ce film, la réalisation est plus posée que dans ses précédents, il y a moins de mouvement de caméra, mais plus de cut pour transmettre la rapidité de la vie d'un enfant avec parfois des travellings pour les suivre de dos, cela me rappelle beaucoup les mots de Jiro Taniguchi, dessinateur de la BD Quartier Lointain, qui disait que son idéal dans la représentation des émotions serait d'arriver par la composition de l'image, le placement et le langage corporel des personnages à capturer des sentiments.
On remarque aussi son manque de champ contre champ, pour des enchainements de plans serrés donnant comme des affrontements ou des superpositions donnant l'effet de jeux de cartes avec une frontière apporté du côté des enfants, avec des plans plus souvent pointés vers les enfants de dos, alors que la caméra est systématiquement de face pour les plans sur les parents pour mettre en avant leur perception de leurs enfants.
On a aussi des références à Murnau comme lors de la scène du hachoir que je vous laisse découvrir.
Par contre, on peut encore noter le manque de musique qui m'empêche de monter sa note, alors que je trouve qu'il s'agit sinon, d'un excellent film.
Pour conclure, Gosses de Tokyo est un film sur l'enfance racontée avec tendresse et réalisme.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Rétrospective cinématographique - Yasujirō Ozu
Créée
le 24 oct. 2019
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