À quoi bon ?
Ce qui m'a d'abord marqué dans le cinéma d'Ozu, c'est sa façon de mettre en scène, avec autant d'intelligence que de finesse, les liens familiaux, l'ordre établi dans une famille ainsi que les...
le 7 sept. 2017
21 j'aime
4
Ce qui m'a d'abord marqué dans le cinéma d'Ozu, c'est sa façon de mettre en scène, avec autant d'intelligence que de finesse, les liens familiaux, l'ordre établi dans une famille ainsi que les cicatrices qu'elles peuvent générer.
Gosses de Tokyo ne déroge pas à cette règle, et ici il aborde cela par le prisme de l'enfance en mettant en scène deux frères qui ne parviennent pas à s'imposer dans une nouvelle école, et devant faire face à la morale du père. Il écrit son scénario avec autant de simplicité que de finesse, n'en faisant jamais trop et proposant un déroulement fort intéressant avec des personnages qui le sont tout autant, avant d'axer son oeuvre sur le conflit entre un père et ses fils.
Cette opposition sera forcément fragile, car familiale, chaque mot et regard peut provoquer une cicatrice éternelle, et c'est ce qu'on ressent lorsqu'on voit l'oeuvre. Par le prisme de cette opposition, il va aussi s'intéresser à la situation sociale, les difficultés d'une nouvelle vie et le respect dans la société, que ce soit au sein d'un environnement familial ou dans son travail. Il faut savoir s'accepter, c'est simple sur le papier mais pas toujours dans la vraie vie, et ça, Ozu le montre avec une très rare finesse et surtout une simplicité qui est clairement la bienvenue.
De cette simplicité découlent d'abord des émotions, et c'est là le plus important, Ozu à une capacité incroyable de véhiculer cette émotion par le biais de simples moments de vies, quelques gestes ou regards qui en disent parfois bien plus que de simples mots. L'évolution du récit est d'ailleurs remarquable, plus on avance, plus les tensions se révèlent fortes mais vont être traitées d'une manière similaire, avec aussi une dose d'humanité, de tendresse mais aussi d'humour, grâce surtout aux deux gosses et leurs inoubliables petites bouilles.
Gosses de Tokyo bénéficie aussi d'un savoir-faire certain du futur auteur de Voyage à Tokyo, âgé ici de 29 ans, que ce soit dans sa science du détail ou dans ses plans et l'utilisation de la caméra, comme en témoigne ce remarquable travelling montrant un groupe d'employés bailler. Ce conflit générationnel bénéficie aussi d'une jolie photographie en noir et blanc, ainsi que de très bons comédiens, que ce soit le père ou évidemment les deux enfants, qui ne tombent jamais dans le piège des interprétations théâtrales qu'offre parfois le muet.
Ozu propose avec Gosses de Tokyo un film tout simplement merveilleux, d'une simplicité qui n'a d'égal que son émotion, tendresse et humanisme, et il évoque la famille, les combats générationnels ou l'estime de soi avec autant de richesse que d'intelligence.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes 111 pour l'éternité, Une année, un film !, We didn't need dialogue, we had faces !, 亞洲路徑 : Voyage à travers le cinéma asiatique et Les meilleurs films muets
Créée
le 7 sept. 2017
Critique lue 695 fois
21 j'aime
4 commentaires
D'autres avis sur Gosses de Tokyo
Ce qui m'a d'abord marqué dans le cinéma d'Ozu, c'est sa façon de mettre en scène, avec autant d'intelligence que de finesse, les liens familiaux, l'ordre établi dans une famille ainsi que les...
le 7 sept. 2017
21 j'aime
4
Contrairement à Hollywood, où le muet a virtuellement disparu des écrans dès le début des années 30 (à l’exception d’un certain Charlie Chaplin), le cinéma japonais a continué à produire des films...
Par
le 15 août 2018
7 j'aime
Je découvre Ozu avec ce film, pas son plus connu ni son plus aimé mais en tout cas la qualité était au rendez-vous, j'ai vraiment apprécié ce film. Visuellement parlant c'est très sobre mais en même...
Par
le 22 mai 2012
7 j'aime
Du même critique
D'apparence parfaite, le couple Amy et Nick s'apprête à fêter leurs cinq ans de mariage lorsque Amy disparaît brutalement et mystérieusement et si l'enquête semble accuser Nick, il va tout faire pour...
le 10 oct. 2014
172 j'aime
35
Tout juste auréolé du succès de Docteur Folamour, Stanley Kubrick se lance dans un projet de science-fiction assez démesuré et très ambitieux, où il fait appel à Arthur C. Clarke qui a écrit la...
le 25 oct. 2014
166 j'aime
49
En mettant en scène la vie de Chris The Legend Kyle, héros en son pays, Clint Eastwood surprend et dresse, par le prisme de celui-ci, le portrait d'un pays entaché par une Guerre...
le 19 févr. 2015
152 j'aime
34