Après un premier acte fort réussi, disposant d’une mise en scène habile et d’un rythme bien troussé, Gothika s’enlise dans les poncifs d’un genre – le film d’asile, son architecture rectiligne, ses mirages, ses patients/détenus bizarres – qui se joue des troubles de la mémoire et de la perception de Miranda comme d’un prétexte à une avalanche de scènes invraisemblables et à l’esthétique nauséabonde. Ici tout est d’un gris-bleu stérile, le cauchemar reste inatteignable ou prend des formes stéréotypées – la gamine sur la route, le collègue qui devient persécuteur – qui l’enferme dans un dispositif dont il ne s’affranchit jamais, sinon lors d’une clausule ridicule. Mathieu Kassovitz donne l’impression de perdre le contrôle de son long métrage, cédant progressivement la pertinence de son geste artistique aux exigences d’une grosse machine hollywoodienne dépourvue d’âme et d’intérêt. Seule la partition musicale que signe John Ottman apporte un tant soit peu de mystère à un film plat malgré ses insupportables secousses clipesques.