Je suis allée voir "A la Grâce de Dieu" de François Ozon.
J'ai été ébahie par l'intelligence qui mène le film.
Il n'y a absolument rien à jeter, pas un mot, pas un geste de trop, tout fait sens, rien ne manque.
Du religieux au juridique, aux jugements sur la façon d'aborder la communication médiatique autour du sujet, les potentiels débordements, tout est mis cartes sur table.
La pudeur se mêle à l'absence totale d'hypocrisie, tout est vrai, la connaissance du milieu lyonnais parfaite, les ressorts psychologiques d'une finesse extrême, le sujet le plus brûlant du siècle, sans doute même du temps de l'Eglise à certains égards (si on met à part l'Inquisition), abordé de la manière la plus simple, la plus directe tout en parcourant tous les interstices de ses couloirs.
Des acteurs magistraux dont mêmes les regards sont empreints de signifiant, une ambiance intacte, jusqu'aux silences et aux plans qui parlent. Le rythme est dynamique.
Tout sonne juste.
La richesse réside dans la diversité des personnages et parcours qui permet d'embrasser l'intégralité des ressentis, les différentes façons de réagir et d'aborder, ou pas, la confrontation.
Les enfants ont grandi, on peut tout de même dire que l'église forme de braves petits scouts et de véritables hommes capables de se défendre et surtout de dire la vérité, malgré la lourdeur sociale que cela engendre.
J'aime les hommes que l'église est capable de construire autant qu'elle peut en cacher de misérables, non pas des malades (la pédophilie est ici vue à sa place, comme une pathologie mentale, même si elle n'empêche pas la responsabilité), mais au-dessus, ceux qui, pour préserver l'institution, sont capables d'aller à l'encontre de tous leurs préceptes, de renier au fond tout le message en le pervertissant pour finalement agir à l'opposé de ce qu'ils prétendent dire.
Evidemment, ce film me parle et fait écho à mes recherches sur les milieux économiques et politiques de l'Opus Dei avec ses intérêts et son omerta.
Vivement un film qui embrasse les réseaux au-delà puisque la Pieuvre a des ramifications tentaculaires, mais le tabou sexuel et en particulier du vice sexuel et de ses victimes innocentes, est un bon moyen de mettre un pied dans la porte de l'enfer.