[no spoiler inside]
Je suis allé voir « Grâce à Dieu» le dimanche suivant sa sortie (et y suis retourné une seconde fois ensuite, j'avoue...).
C’est une fiction basée sur des faits réels : l’affaire du prêtre pédophile Preynat, le cardinal Barbarin accusé de non-dénonciation et plus globalement l’église qui est accusée de gérer horriblement mal les différents cas d’abus sexuels en son sein. Le film parle aussi de la naissance de l’association « La Parole Libérée » qui regroupe les victimes. L’affaire n’est pas finie devant les tribunaux, les accusés sont présumés innocents comme le rappelle le film. Car depuis la sortie du film, le Cardinal Barbarin a été jugé coupable, il a annoncé qu'il va remettre sa démission au pape (on verra s'il l'accepte ou non) mais il a aussi, par l'intermédiaire de ses avocats, fait appel de la décision, il y aura donc un nouveau procès en appel...
Je suis ressorti très ému, bouleversé, une claque. Il y a certains aspects du film que j’avais bien anticipé, mais j’ai quand même été transporté : par la capacité à nous plonger dans cette histoire, par les sentiments/émotions/doutes que plusieurs grands acteurs arrivent tellement bien à nous communiquer, par les difficultés, très différentes, des différentes victimes, par la force qui les unit, par les différences qui parfois les fragilisent. Le film réussit à ne pas tomber ni dans le pathos, ni dans l’anti-religion trop commode.
En regardant les programmes pour aller le voir, j’ai bien vu qu’il était au final assez peu diffusé, plusieurs grandes salles n'ont pas voulu prendre de risque devant la menace d'interdiction qui pesait sur le film lors de sa sortie le 20 février, sa diffusion s'est élargie depuis, ouf. C’est, à mon sens, un film d’utilité publique (en plus d’être une œuvre magnifique). La lumière, les plans qui permettent de comprendre et ceux qui permettent de respirer, les close-up sur les visages qui s’éveillent à la douleur de proches, le traitement de la bande son, c’est magnifique.
Je déconseille ce film si vous avez été victime d’abus sexuels et que la plaie n’est pas bien refermée, mais dans le cas contraire, je vous enjoins vraiment à aller le voir, et rapidement avant qu’il ne disparaisse des trop rares salles où il est projeté. Il surprend, fait frémir de peur, fait sourire d’empathie dans les bons moments de solidarité bien traités eux aussi ; il permet d’ouvrir les yeux et les neurones. ALLEZ LE VOIR, VITE !
Il y a quelques semaines, l'église catholique a tenu un sommet de 3 jours sur la pédophilie, mais rien de concret n'en en sorti, la remise en cause semble impossible dans l'institution. Et d'autres scandale continue de sortir (voir le docu sur Arte sur les sœurs abusées par exemple). Une prise de conscience et un changement radical de comportement semblent nécessaire, mais l'église n'en prend pas le chemin, ni même la mesure des faits.
Alors, soit le chemin est encore long, soit il est impossible à l’église de faire ce chemin et elle se condamne elle-même, elle se tire une balle non pas dans le pied, mais plutôt dans le cœur.