Miike, il fait pas du Disney, ça on le sait. Tout le monde connaît l’univers singulier —certains diront subversif— et la fantasmagorie parfois poussive du réalisateur de Ichi The Killer. En 1996 déjà, le prolifique débridé pratique l’exercice de l’adaptation de manga, penchant (pas forcément toujours heureux) qui fera monter le compteur de sa filmographie de façon exponentielle dans les proches années à venir.
Mais là, on touche à ce que Miike a fait de mieux dans le genre.
Paradoxalement, c’est dans ce film vieux de 17 ans que notre déviant cinéaste se montre le plus maître de son style. Tout n’est pas parfait, loin de là ; c’est un peu brouillon et expédié, joué de façon inégale, c’est pas visuellement super fini (décapitations et autres effets gores), mais bonjour l’efficacité.
Bonjour l’ambiance palpable et glauque, bonjour le rythme plus régulier (ça sera pas toujours le cas dans l’avenir —récurent même), bonjour la galerie de personnages stylisés (rendons grâce au support d’origine) …
(Parenthèse sur les persos : le géant bourrin, les gosses assassins, les lycéennes à sarbacane de foufoune ( ! ) c’est trop bien et ça servira plus tard à nourrir Tarantino et Rodriguez, quoi qu’ils en disent.)
Ouais et bonjour la petite histoire de vengeance, bonjour le Fudoh du titre au charisme taciturne, bonjour la prof Yakuza aux belles jambes, bonjour les mises à mort bien ficelées, et enfin bonjour les petites séquences déviantes contractuelles.
On regrette un méchant un peu fade et pas mal de raccourcis qui font passer la plupart des personnages à la trappe. Mais Miike livre là une de ses toutes meilleures pellicules dans la catégorie plus « classique » (dans le sens qu’elle ne traite pas de situation fantastiques ou SF) de sa filmographie, ni yakuza eiga ni soumise. Un rythme régulier, de bons personnages, de bonnes scènes, une réalisation solide et bien personnelle ; voilà qui fait plaisir à découvrir.
Une galette que je ne regrette pas d’avoir acheté, sur les recommandations de @drélium et motivé aussi par la note de @Senscritchaiev.
Faut écouter ses ainés, des fois.