L’idée est plutôt habile, la mise en scène maitrisée et les acteurs sont à la hauteur. Rahim, surtout, qui parvient à irradier une certaine candeur, notamment dans toute la phase initiatique du récit, et met un peu de côté sa carte « petite frappe » qui lui colle à la peau depuis Un prophète et gênait un peu dans Le Passé.
Toute la première partie est d’une belle tension, la découverte des lieux anxiogène sans faire dans l’excès et les scènes collectives des prolos assez touchantes.
Qu’est-ce qui fait que le film soit raté ?
Son didactisme, pour commencer, son aspect « dissertation » qui a pour consigne de croiser le social, l’angoisse et le mélo. Les parallèles sont assez lourdingues, à l’image de cette fameuse première rencontre avec Karole qui embrasse Garry pour lui expliquer ce que « fait » la dose.
Sa cohérence : à la fois décousu et censé être diablement maitrisé, le film joue sur certaines ambiguïtés des intentions, et une fin plus ou moins ouverte, carte assez détestable lorsqu’elle semble comme ici employée comme cache misère d’absence de choix clairs.
Sa progression, surtout : la subtilité n’est pas la force du récit, et c’est d’autant plus dommage que tout fonctionne très bien dans le premier tiers du film. Intensité du jeu, richesse des atmosphères, musique primaire (percussions dans le train, par exemple), l’équilibre est trouvé. Le problème réside dans les développements des intrigues : le mélo devient grossier, les ficelles énormes, et le documentaire (passionnant) sur le quotidien des esclaves moderne vire au thriller. On n’y croit plus vraiment, et on décroche.
Rebecca Zlotowski force la dose, sujet pourtant central de ce film qui n’est pas si grand que ce que toute la critique veut nous dire.