Avant de parler du film en lui-même, je vais commencer par parler de l'enthousiasme que l'annonce de ce film m'avait procuré au prémisse du projet. Alfonso Cuarόn, le réalisateur, m'avait déjà plutôt bien impressionné dans sa réalisation sur Harry Potter 3, film qu'il a fait afin d'avoir les fonds nécessaires pour « Les fils de l'homme ». Et les fils de l'homme est un petit bijou de cinéma, par ses personnages, son histoire et surtout et encore par sa réalisation. Je me souviendrais toujours de ces 2 longs plans séquences qui m'ont fait décrocher la mâchoire par son réalisme. Il a toujours des idées superbes pour filmer les scènes, et j'étais donc très impatient de voir comment il allait filmer l'espace.

Et donc Gravity commence par … un long plan séquence de 15 minutes. La Terre en toile de fond. Et rien d'autre pendant quelques secondes, mais cela suffit à se plonger dans le film et de baver devant notre planète bleue. Peu à peu, on entend des communications, on commence à voir une navette spatiale apparaître au fond de l'image et elle se rapproche petit à petit de l'écran.
(Petite précision : le film a été vu en 3D et c'est le film qui utilise au mieux la 3D à ce jour, est utile au propos du film.)
Georges Clooney s'amuse avec son jet pack tout en écoutant de la musique et en racontant des blagues, Sandra Bullock répare la navette avec une 3eme personne. La caméra tourne autour de la navette, autour des personnages, s'arrête quelques instants pour montrer la difficulté d'opérer dans l'espace, avec son lot de règles et de gestes à respecter, on ressent la respiration de chacun, le son est étouffé par l'environnement. Des circuits de la navette sont grillés, il faut trouver une autre solution pour la réparer, Clooney vient l'aider pour démonter la coque, un boulon échappe des mains de Bullock, le boulon s'approche de l'écran, Clooney prend appui sur la navette pour sauter vers le boulon et revient grâce à la corde fixé à son bassin. Wa-hou !
Ca fait 10 minutes que le film a commencé et je suis déjà avec eux en train de réparer la navette, en train de prendre mon pied avec l'apesanteur, avec le jet pack de Clooney.
Et puis voilà que Houston (le centre de communication sur Terre) raconte que les Russes ont neutralisés un de leur satellites espion russe pour éviter qu'il ne tombe dans de mauvaises mains. Pour le moment rien de grave, les débris en mouvement ne sont pas sur la trajectoire de leur position. Mais suffit de voir la bande annonce pour savoir qu'il va y avoir une catastrophe. Et la catastrophe va arriver car les débris du satellite russe ont détruit un autre satellite et cette fois-ci les débris se dirigent vers eux.
MISSION ANNULE. Retournez dans votre module.
Les débris arrivent telles des étoiles filantes dans le ciel, mais ces étoiles filantes pulvérisent la navette, morceau par morceau, éjectant Bullock de la navette.

Le film est impressionnant comme jamais au niveau du visuel. Les effets spéciaux ne sont jamais détectables, tout se fond à merveille, la physique de l'apesanteur est super bien retranscrite, et Cuaron a encore des idées à la pelle pour faire parler son génie de la mise en scène. Tout s’enchaîne à merveille, le film nous happe dans toutes les situations qu'il propose, notamment grâce à un sens du rythme parfait, enchaînant moments de contemplation, d'action, de réflexion, d'expérience sensorielle.

A noter que la musique est assez présente pour renforcer l'effet dramatique des situations, mais elle n'accompagne que ces situations « d'actions », le reste se joue des variantes de sons qu'il y a dans l'espace.

ZONE SPOIL

Bon je crois qu'on va passer en ZONE SPOIL, parce que je vais parler de ce qui suit après les 15 premières minutes du film. Donc venez pas pleurer si vous savez en savez trop sans avoir vu le film.

En dehors du plan séquence exceptionnel du début, il y a d'autres scènes réalisés de main de maître.
A titre d'exemple, alors que Bullock se perd dans l'espace, tourne et tourne sur elle-même sans pouvoir contrôler quoique ce soit, la caméra suit ce mouvement sans jamais être vomitif, on se perd avec elle, l'angoisse au ventre, et au moment où elle commence à se stabiliser, cherchant un repère visuel pour indiquer sa position à Clooney et son jet pack, la caméra se rapproche lentement du visage de Bullock, le son étouffé de sa respiration saccadée se fait de mieux en mieux entendre, Clooney lui demande de se calmer pour ne pas brûler trop vite l'oxygène qu'elle a en réserve, la caméra entre dans le casque, se positionne à la place de Bullock, on remarque l'ATH disposé sur la visière du casque, le son est complètement différent, très proche, renfermé, on sent sa respiration se ralentir au fur et à mesure, elle tourne de plus en plus lentement, passant du noir le plus complet au jaune/rouge de la terre et des reflets du soleil. Puis Clooney arrive avec son jet pack, se rapproche peu à peu, et vient récupéré Bullock. WA-HOU.
Une autre scène qui me revient à l'esprit est la balade en zéro gravité dans la navette internationale. Sandra Bullock en petite tenue, vole en prenant appui contre les parois, tel un poisson dans l'eau, la caméra la suit de près, on vole avec elle, des objets flottent autour d'elle, on remarque des flammes danser individuellement dans un coin (indice que le début de l'incendie de la navette démarre). Ca donne envie de dépenser 5000 euros juste pour faire 5 minutes d'apesanteur dans ces fameux avions qui proposent ce genre d'expériences.

Le film est avant tout un film de survivalisme. Bullock doit affronter son manque d'oxygène, la perte d'un compagnon expérimenté, la malchance qui la poursuit avec la 1ere station qui prend feu, sa capsule de survie et son parachute déjà ouvert qui s'accroche au satellite, l'obligeant à sortir pour déboulonner les sangles du parachute, une nouvelle rafale de débris.

Elle atteint donc plusieurs étapes pour prouver sa volonté de vivre, malgré les éléments qui se déchaînent contre elle, malgré cette vie qui n'a plus vraiment de sens pour elle depuis la mort de sa fille.

Plusieurs moments dans le film sont émouvants/touchants :
-L'abandon de Clooney, en panne de carburant et qui n'a pas pu s'accrocher au satellite, que l'on voit disparaître peu à peu dans le néant. Bullock veut le sauver, on veut le sauver, mais on ne peut rien faire. Le fatalisme a l'état pur.

-La tentative de suicide de Bullock. Elle n'arrive pas à faire démarrer les propulseurs et est convaincu qu'elle n'y arrivera pas. Après tant d'épreuves parcourues, elle se retrouve coincé dans la dernière ligne droite, incapable de rentrer sur Terre. Elle veut rejoindre sa fille dans l'au-delà, elle coupe l'arrivée d'oxygène et accepte son destin. Elle se met à pleurer, les larmes se détachent de sa peau et viennent percuter la caméra.

-Le message. Après avoir retrouvé ses esprits avec l'hallucination de Clooney qui vient ouvrir le module pour boire la vodka des russes et rappeler à Bullock qu'il faut tout tenter et ne jamais rien lâcher, elle ouvre de nouveau les vannes d'oxygène, tente de nouveau avec une autre stratégie pour démarrer les propulseurs. Tout en faisant cela, elle parle au Clooney disparu pour qu'il dise à sa fille tout son amour mais qu'elle ne la rejoindra pas tout de suite, qu'elle a une vie à mener encore sur Terre.

Il y a tout une morale, toute simple, sur la fragilité et la préciosité de la vie. Elle sonne juste. Dans l'espace, on ne contrôle quasiment rien, et on sait que chaque infime erreur peut être fatale.
Le scénario est plutôt simple, basé avant tout sur des situations qui vont obliger l’héroïne à se surpasser, à aller au delà des compétences qu'elle s'imagine (« j'ai raté toutes mes simulations de vol ») mais le film n'en a pas vraiment besoin. Il n'est qu'un prétexte pour s'attacher à Bullock vers la fin du film, parce qu'il faut bien qu'on en sache un peu plus sur l’héroïne que nous suivons si bien depuis le début. le film est avant tout un film de survie, que l'on vit avec Bullock. Et peu de films te font ressentir ce sentiment que le personnage principal mérite de vivre par tout les efforts qu'il fait. Elle ne contrôle rien, elle n'a que volonté et elle a une chance inouïe à la fin du film de pouvoir toucher le sol terrien, de serrer fort dans ses mains cette boue, de toucher ce sol que l'on n'a jamais aussi bien ressenti dans un film. Tout simplement par contraste avec l'apesanteur de l'espace. Elle lutte pour se relever, y arrive et est prête à affronter la nouvelle vie qui vient.
Sandman
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le 25 oct. 2013

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