2013 : L'Odysée de Ryan Stone!!
Bon on va pas y aller par 4 chemins, "Gravity" est un petit bijou qui tient quasiment toutes ses promesses.
J'étais pourtant loin d'être fan des précédents longs de Cuarón, à commencer par "Les fils de l'homme", que j'ai toujours trouvé très surestimé, mais là il faut bien reconnaître que le monsieur n'a pas mis 4 piges à faire son film pour rien, quelle claque!!
La dernière fois que l'on avait été autant bluffé par une "immersion" dans un univers remonte à l'"Avatar" de Cameron... Sauf que dans "Gravity" on se sent autrement plus "concerné", car il est bien plus réaliste, de nos jours, de pouvoir se balader dans l'espace que d'aller sur Pandora.
La 3D est a couper le souffle, d'une beauté hallucinante et d'un réalisme tout simplement bluffant.
On s'en prends plein la tronche, au propre comme (presque) au figuré. Et l'on se surprend à bondir de son siège dès qu'un débris de satellite pulvérisé vient nous frôlé à vitesse grand V.
Pour résumer, on est baladés pendant 90 minutes entre notre éblouissement devant les prodigieux tableaux qui s'offrent à nos yeux, et nos véritables accès de flippe, dès que ça tourne un tant soit peu mal pour les protagonistes.
Nos phobies les plus courantes - dont principalement la claustrophobie et le vertige - sont exploitées avec un immense brio et mettent constamment à mal les nerfs du spectateur.
Et que dire du travail effectué sur le son ?? Tout bonnement hallucinant!! Sachant que dans l'espace il n'y en a pas justement, de son - les "bruits" les plus sourds se propagent uniquement par les vibrations ressenties dans notre corps - Cuarón et ses collaborateurs ont abattu un travail titanesque pour littéralement "créer" un environnement sonore qui soit suffisamment réaliste pour qu'on y croit, sans que cela ne nuise à la crédibilité nécessaire au film.
Reste que, sans "aventure humaine", pas de "grand" film de SF.
Et autant dire que - et ce n'est pas forcément ce à quoi on s'attendait - la performance de Sandra Bullock restera dans les annales. Dans le rôle de la scientifique Ryan Stone, effectuant sa toute première sortie dans l'espace, et qui plus est "éprouvée" (euphémisme) par un drame familial, qui va peu à peu prendre conscience de sa propre mortalité, pour mieux affronter les épreuves et littéralement "renaître" (la fin du film est à ce niveau immense, métaphoriquement parlant) l'actrice révèle une autre facette, à la fois plus sombre (les épreuves dramatiques se lisent littéralement sur son visage) mais tout aussi "lumineuse" (ses joies et ses espoirs aussi, tant elle semble parfois retomber en enfance) de son talent. Il est ici immense. Et si l'on devine sans peine les efforts consentis pour sa préparation physique, ceux mis dans l'implication émotionnelle nécessaire à son rôle sont tout aussi impressionnants.
Assurément LE rôle de sa carrière.
Assumant jusqu'au bout son côté "grand spectacle" en forme de "révolution" cinématographique, mais aussi (surtout ?) en faisant en sorte que l'identification des spectateurs aux personnages soit totale, Cuarón remporte son pari haut la main (malgré un côté "mélo" parfois un peu envahissant et quelques "facilités" scénaristiques), et l'attente nécessaire à la concrétisation de ce projet (de) dingue aura donc été récompensée à sa juste valeur.
J'aimerais terminer en ajoutant un paragraphe "oui mais...":
Bon Alonso, ton film il déchire grave on est bien d'accord. La 3D est hallucinante et totalement immersive - la déjà fameuse scène des "larmes" de Ryan Stone suffit, à elle seule, à résumer l'ampleur de la réussite - et c'est TON film, encore plus qu'"Avatar" en son temps, ou tant d'autres adaptations de comic-book plus stupides les unes que les autres, qu'il faut impérativement voir dans une salle de cinéma avec ses lunettes 3D sur le pif.
Et justement c'est aussi là (qui l'eut cru ??) que, quelque part, le bas blesse.
Car le film ne restera pas éternellement à l'affiche, quelque soit l'ampleur, déjà conséquente, de son succès.
Donc après le film vient le blu-ray, 3D qui plus est.
En expo dans une grande surface spécialisée, récemment j'ai pu admirer (et seulement admirer) un sublime écran plasma de 2 bons mètres de longs, j'ai pas mesuré la hauteur mais c'était pas mal non plus. Si vous faites partie des personnes ayant les moyens d'avoir ce genre de matériel (aux alentours de 14000 euros la bête), et je ne parle ici que de la vidéo - car il faut bien entendu aussi posséder l'équipement adéquat pour le son - ma foi tant mieux pour vous.
Mais même dans ce cas, vous ne pourriez qu'à peine "effleurer" le plaisir et la puissance du trip vécu au cinéma.
En gros ce que je pense, c'est que Cuarón, inconsciemment ou pas - il faudrait le lui demander, ce que pas un journaliste n'a semble-t-il fait pour le moment - vient d'inventer, avec "Gravity", un concept de cinéma ou les films ne peuvent être apprécier à leur juste valeur qu'en salles.
Et pas ailleurs. Et pas autrement.
"Avatar" par exemple vieillit plutôt bien lorsqu'on le matte sur un écran "juste" plus grand que la moyenne.
Dans le cas de "Gravity", je crains fort que le film perde au moins 90% de sa force lors du passage au "petit" écran. Et le film fait ressentir tellement de choses que la désillusion risque d'être sévère à ce moment-là...
J'espère me tromper, mais franchement "Gravity" à la télé, j'y crois pas vraiment.
En attendant, Alonso Cuarón, je te déclare COUPABLE de ma nouvelle addiction aux jeux d'argent - AH AH AH!! - mais ton film c'est tellement une tuerie que je te pardonne volontiers, et que je m'en vais de ce pas profiter au maximum de ma carte illimitée pour me refaire autant de fois que possible ton grand huit cinématographique spatial à nulle autre pareil.