Mardi 29 Octobre 2013 - 22h42


Il va m'être très difficile d'exprimer clairement mon avis sur Gravity. Ma séance vient de se terminer il y a moins de trente minutes et je suis un fou car je ne prend même pas le temps de m'en remettre.


Histoire d'être clair dès le début, Gravity n'est pas un film, c'est une expérience cinématographique, et je pèse mes mots. Alfonso Cuarón signe ici ce qui est probablement l'un des films les plus importants que le cinéma n'ait jamais porté. Maître d'une technique incroyable, Cuarón nous transporte pendant 1 heure 30 dans l'espace, à travers une mise en scène parfaitement millimétrée il nous raconte l'histoire d'astronautes en difficultés au-dessus de notre chère planète.
Le plus surprenant c'est de voir à quel point Cuarón est capable de sobriété à réaliser son œuvre, tout en étant pourtant très pointu dans sa mise en scène et sa technique. Le plan séquence de près de 15 minutes au début du film est un modèle de mise en scène, alliant à la fois un enchaînement très doux à la complexité des décors qui recrées la sensation d'apesanteur. Tout s'enchaîne avec beaucoup de fluidité, ce n'est pas seulement une suite d'image qui défile devant nos yeux, c'est là que Gravity devient une expérience, lorsque la nuée de débris arrive sur la station orbitale et que les protagonistes sont pris au dépourvu. La mise en scène est tellement immersive que l'on vit avec beaucoup d'intensité ce qui se passe pourtant derrière un écran de cinéma, confortablement assis dans notre siège. C'est à la suite d'instants comme ceux-là, à la fois stressants et impressionnants, que l'on se rend à quel point Gravity est un film qui rend hommage au cinéma. Il en dépeint les aspects les plus complexes, de la création des émotions sur le public à la magie des images pour raconter une histoire. Le film est techniquement irréprochable, tant sur les effets-spéciaux que sur la mise en scène.


Gravity n'est pas un film de science-fiction, c'est une œuvre grand public qui allie avec beaucoup de facilités l'expérimentalisme, le survival et le drame. On pourra également y voir une métaphore sur la fatalité de la vie, ce qui nous rappelle que tout peut basculer en une fraction de secondes. Outre cela le film est avant tout une histoire de survie, une histoire qui nous touche car elle parle directement de la vie, chose surprenante car le décor est pourtant celui de l'espace, là où aucune vie n'est possible. L'écriture très simple du film permet au public de s'identifier à ce synopsis, d'anticiper les actions des personnages, d'avoir presque envie de les aider. Rares sont les films qui nous mettent aussi près de leurs protagonistes. L'oeuvre est également empreinte d'un grand onirisme, je disais plus haut que le film parlait de la survie mais également de la vie, c'est ainsi que l'on aura droit à des moments de grâce intenses, notamment celui qui m'a marqué le plus représentant Sandra Bullock en position fœtale dans la cabine de la station orbitale, symbole de l'homme minuscule dans l'immensité infinie de l'espace. C'est aussi ce genre de scènes qui nous permet de souffler un peu, elles sont réconfortantes, le film mettant à rude épreuves nos nerfs c'est donc très appréciable. D'ailleurs il faut souligner que l'on ressent énormément de choses dans Gravity, bien plus que dans un film d'horreur par exemple, la raison à cela c'est que le film atteint un niveau de réalisme rarement égalé, et il n'y a pas de secrets, quand on croit à ce que l'on voit, les émotions sont là. La musique quant à elle se fait parfois absente, car c'est aussi vers ce penchant que verse le film, nous sommes dans le cinéma du silence et du sensoriel, c'est pourquoi les musiques n'ont pas toujours besoin d'être présentes sur le métrage. Ce qui ne veut pas dire pour autant que la bande son est mauvaise, loin de là car quand elle se fait entendre, elle vient donner de l'intensité aux scènes.


Sandra Bullock tient ici l'un des plus grands rôles de sa carrière, en incarnant une scientifique qui va être face à une situation inattendue qui la poussera à se remettre en question. Son personnage est écrit de manières subtiles et habiles, nous rappelant que dans les pires moments il peut y avoir de l'espoir, et qu'il faut se battre pour ça.
Face à Bullock se tient Georges Clooney, l'acteur joue ici un vétéran qui signe sa dernière mission. Humour et réconfort sont les maîtres mots pour ce personnage, il est un peu le guide qui aidera Bullock à surmonter la catastrophe. Le duo fonctionne très bien et apporte ce qu'il faut de drame au film pour en faire une œuvre grand public, ces deux personnages nous deviennent familiers, on s'y attache au point d'avoir la sensation d'être avec eux dans le scaphandre grâce à la mise en scène.


Je m'excuse pour cette critique, elle est certainement très mal formulée, mais quand il s'agit de critiquer des chef-d'oeuvres comme Gravity, il est parfois dur de construire des phrases et de trouver les bons mots. Quoi qu'il en soit, le dernier film d'Alfonso Cuarón est une réussite totale, un cinéma audacieux, expérimental et grand public, le genre d'oeuvre dont le 7 ème art a besoin pour exister.

E-Stark
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le 30 oct. 2013

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E-Stark

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