"Something wrong with this mission"
Un mardi soir, profitant d'un week-end pépère avant de repartir en guerre entre critique pour le Serpent-retrogamer et mon boulot de réceptionniste, je décide de prendre mes clés et me tailler pour les étoiles. Un ticket qui me conduit en plein dans une salle comble d'un Cinéville lambda, surprenant ce mardi soir. Surprenant un peu à l'image de ce film, critiques qui se sont transformés en lettre d'amour, alors que depuis le début, Gravity ne me faisait bouger ni l'une ni l'autre. Je me posais cette fatidique question, c'est ça "l'effet Georges Clooney" ? Le genre d'acteur qui arrive encore à amener du monde après une semaine d'exploitation ? Enfin, j'ai quand même vérifié auprès de ma voisine de fauteuil, si ma mauvaise foi légendaire allait encore me donner raison, non pour cette fois-ci. Elle m'a répondu grosso modo les mêmes choses qui m'on fait amener ici. Si je pars sur mes a priori et sur ce que j'ai à peine lu ou entendu. Gravity est enfin le film qui utilise la 3D avec pertinence, sublime dans sa photographie, un rejeton de Kubrick dans le style en général, incroyablement oppressant par le biais du son et de l'image. OK, les mecs j'arrive, pas besoin de me draguer plus longtemps. Mais comme la majorité d'entre vous qui vont aller le voir cette semaine, je suis le dommage collatéral du bouche à oreille, spectateur forcément un peu déçu par le résultat global par rapport aux premiers qui l'ont attendus, vus, adorés et envoyés des multiples fleurs aux frères Cuàro (l'un à la réalisation, l'autre à l'écriture). Ils ne déméritent pas ce succès, non loin de là, mais un sentiment d'inachevé m'a laissé sur le bord de la route vers la perfection sur les trente dernières minutes, j'y reviendrais plus tard.
Pour profiter pleinement de l'expérience, pas de pop-corn, si possible éviter les voisins entre 15 et 18 ans et soyez assis au centre dans l'allée du fond. Toutes ces conditions sinéquanone remplies, vous êtes assuré de retrouver le Space Mountain après ce film, comme un tourniquet sans saveur. Gravity, avant tout d'être un film dans l'espace, c'est un huit clos, dont l'objectif est de survivre à l'espace. Son point fort d'ailleurs, c'est la capacité à allier le "Wahou effect" et le sentiment d'oppression qui jouent avec votre rythme cardiaque. Sublimer l'espace et en même temps accentuant sa dangerosité avec l'absence d'air et ces fameux débris de satellite qui reviennent toutes les 90 minutes. Le portrait des deux antagonistes qui seront implacables et violents dupliqué par la disparition pure et simple de planque et de lieux de suretés qui seront explosé en deux minutes montre en main. Cette 3D magistrale qui nous immerge dans l'immensité de l'espace et le travail grandiloquent effectué sur les effets spéciaux et autres détails jamais vus encore au cinéma vont vous mettre à mal. Deux scènes ont retenu mon attention d'ailleurs, deux moments qui resteront assurément dans les pages du cahier du cinéma. La première est le plan-séquence après l'explosion de la navette spatiale "Explorer" où notre amie Ryan se fait éjecter du groupe. On la suit dans sa perdition dans l'espace infini avec un plan large puis on se rapproche de sa solitude jusqu' à une vue subjective de toute beauté à l'instar d'un Amazing Spiderman et ses tracés de grue. La deuxième vient de la station russe où Ryan trouve refuge qui commence à flamber, le son, les FX. Tous sont là pour vous retourner menu dans votre siège de cinéma, ça tombe bien, j'avais fait un Quick avant de venir. Deux petites scènes qui illustrent l'idée géniale du film, jouer entre sécurité et danger, même si ce système perd un peu de puissance sur la fin,je me suis identifié au personnage et comme elle, je m'en suis pris plein la gueule.
Plein la gueule et aussi plein les mirettes. Steven Price, l'homme qui est aussi derrière la création de ce sentiment d'oppression spatial. Le compositeur qui signe que sa deuxième OST de sa carrière et paradoxalement surement la meilleure de cette année toutes catégories culturelle confondues. Sa symphonie attrape le spectateur, joue à Yo-yo avec lui, pour ensuite finir sur du silence de façon net et brutal. Stressant, triste et mélancolique, l 'original soundtrack se diversifie, mais reste dans les lignes d'un son couvert par l'écho de l'espace.
Côté casting, Georges Clooney et Sandra Bullock sont les deux acteurs qui se cantonnent majoritairement aux films typés comédies romantiques BCGB. En faîtes Clooney, change en aucun cas son jeu d'acteur habituel du début à la fin, toujours charmant, et toujours à faire de l'humour qui fait mouche sur les situations tendues et extrêmement anxiogène, What else ? Après tout, j'ai trouvé que ça collait parfaitement en tant que d’antidépresseur par rapport à la prestation de sa voisine. Cette collègue, Bullock, elle m'exaspère habituellement, ses prestations en général sont tout sauf gigantesque, pas de chance, le film va se concentrer sur elle et son personnage de Ryan Stone. Il faut savoir que c'est son vrai premier rôle, toujours habitué au rôle de sidekick féminin, elle mange les trois quarts de la bobine cette fois-ci. Ryan Stone, fille cachée de Ripley, femme forte, mais en même temps souffrant de désordre psychologique (La NASA, qui a tendance à choisir ses candidats pour l'espace par le profil physique plus que psychologique, monde de merde), perte d'un proche et dépressive due à sa solitude dans ce bas monde. Pour la crédibilité, on repassera pour un prochain film, mais là n'est pas problème. Pour une fois les tares d'un film viennent de ses qualitées et de sa durée, je m'explique.
Après avoir réussi à nous mettre la pression dès l'introduction, en jouant avec la technique et le son, on se demande si l'intérêt du film ne se cantonne justement qu'à ces deux points. Le synopsis en lui-même n'est pas vraiment surprenant ni original, il se sert de la technique 3D et du sound design pour justifier son déroulement. Quand on le reverra tous en 2D avec un écran lambda sans home cinéma, le film va perdre beaucoup de sa saveur et d'intensité. Problème pour la pérennité et le statut de "culte" pour un film qui perd pratiquement la majorité de son intérêt à la maison. Le néant de l'espace ne pouvait pas non plus combler un autre problème : Bullock. En faîte sa prestation est réussie, sans aucun doute là-dessus, mais sur les vingt dernières loooongues minutes, j'ai décroché.
SPOIL/ son personnage, Ryan, se laisse tout bonnement crevée à la fin, enfin essaye. Toute cette partie où la sécurité éphémère de sa capsule commence à glacer, elle se met à délirée, à gémir, pendant trop longtemps malheureusement. On sait qu'elle va s'en sortir à la fin, il y a plus de doute à partir du fantôme du personnage de clooney qui fait irruption dans la capsule, donc parallèlement plus de suspens et plus d'intérêt à suivre cette ode à la vie à gnangante. FIN SPOIL/
Gravity a été fait pour les salles de cinéma, pour être une expérience haletante et marquante, Image parfaite et le Sound desgin implacable dont on se souviendra avec mélancolie et frustration dans quelques années en se disant : "putain on avait fait dans notre froc à l'époque au cinéma, mais à la maison, qu'est-ce que c'est chiant, ça craint". La monstruosité du cinéma moderne, proposer des innovations impressionnantes, mais éphémères, Kubrick revient avec ta technique légendaire d'entre les morts s'il te plait, on s'emmerde à la maison.