Enter the void.
On ne va pas se mentir, "Gravity" n'est en aucun cas la petite révolution vendue par des pseudo-journalistes en quête désespérée de succès populaire et ne cherche de toute façon à aucun moment à...
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Un choc, un gros coup de pied au cul. Le vertige, d'abord. A deux reprises, j'ai eu le vertige pendant le visionnage. Une 3D utile, elle sert enfin à quelque chose, à donner la sensation des distances. Dans l'espace, il n'y a pas d'apesanteur. Pas de haut, pas de bas. C'est une des très grandes forces du film, nous rendre cette impression. On est à des kilomètres de Kubrick qui faisait marcher ses astronautes au plafond. Cuaron nous emmène dans l'espace : c'est immense, malgré cela les astronautes vivent dans une succession de vases clos, tous plus oppressants les uns que les autres. Le scaphandre (mon Dieu ces plans subjectifs vu de l'intérieur du casque), les stations spatiales, les capsules... La photo décrit si bien cet environnement étrange que l'on se sent immédiatement en empathie avec le personnage de Ryan Stone, astronaute débutante.
Mais tout cela, ce long paragraphe d'introduction, tout cela est un prétexte. Oui, un beau prétexte, car Gravity n'est rien d'autre qu'un huis clos. Comme "12 hommes en colère", ou dans un registre plus récent et plus proche, l'imparfait mais attachant "Cube". Comment deux clampins se retrouvent isolés dans un concours de circonstances, comment ils vont collaborer, puis faire face à eux-même, pour s'en sortir. Gravity est un film sur l'instinct de survie, voire sur la vie tout court. Qu'est-ce qui nous pousse à avancer ? Intelligemment, Cuaron ne propose pas de réponses, il nous montre un cas et un seul, qui ne sera d'ailleurs jamais motivé. Les astronautes pris dans la catastrophe veulent s'en sortir, point barre.
Parce que Gravity n'est pas un mode d'emploi (comment survivre dans l'espace), on se fiche complètement des quelques invraisemblances du scénario, notamment le prétexte de départ. Non, on ne démolit pas un satellite usagé en envoyant un missile dessus, on le fait descendre dans l'atmosphère et il crame en descendant. Mais encore une fois, on s'en fout. L'important n'est pas là.
Le film ne tient pas grâce à sa photo hallucinante, à son montage efficace ou à ses effets spéciaux qui vous feront ruiner vos accoudoirs lors des scènes où les débris entrent en collision avec le vaisseau. Il tient grâce aux performances de ses deux acteurs. Oui, à l'heure des films d'action ou aucun plan ne dépasse 3 secondes, il faut de bons acteurs qui puissent soutenir la caméra durant une minute, presque sans parler. Cuaron a compris ce que bien des metteurs en scène actuels ont oublié : vous pouvez avoir les meilleurs effets spéciaux du monde, la tension vient autant du jeu des acteurs que du contexte. Revoyez "Le salaire de la peur" si vous voulez la confirmation (un camion, une route, deux types et une tension absolue).
Sandra Bullock, qui était pour moi une actrice médiocre de rom-com, je lui file l'oscar 2014 sans rechigner.
Sans spoiler et pour en terminer, j'ai aussi beaucoup aimé la fin sans fioritures.
À voir en VO et en 3D (et si vous en avez l'occasion, plusieurs années après sa sortie, allez le voir au cinéma ou devant un très grand écran type vidéoprojecteur).
Revu dans de bonnes conditions (TV 3D et 5.1), le film est toujours aussi bon. L'impression de vertige se fait moins marquée, taille de l'écran oblige. Je révise ma note pour un 9. Pas dix, car je pense qu'il n'était pas nécessaire de faire de l'héroïne une championne de la résilience. Sans passé, le film serait peut-être encore plus puissant.
LA FIN, RACONTÉE POUR BRILLER EN SOCIÉTÉ/ EMMERDER VOTRE VOISIN/ S'EN SOUVENIR : Ryan joue à saute mouton entre les stations spatiales et parvient à regagner la terre en jouant les McGyver dans son Soyouz chinois. Dernier plan : elle s'échappe de sa capsule qui coule et parvient à faire quelques pas sur le sable. En contre-plongée et en relief. C'est sublime.
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Créée
le 31 oct. 2013
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