Enter the void.
On ne va pas se mentir, "Gravity" n'est en aucun cas la petite révolution vendue par des pseudo-journalistes en quête désespérée de succès populaire et ne cherche de toute façon à aucun moment à...
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le 27 oct. 2013
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Gravity fut pour moi l'un des plus grands chocs cinématographiques de toute ma vie, ni plus ni moins! Le genre d'uppercut dont j'ai eu de mal à me remettre. Non seulement je venais d'assister à la séance de ciné la plus viscérale et immersive de ma vie, ce qui valait déjà mon respect total et absolu à ce film sur sa forme, mais c’est surtout sur le fond que le film touche au sublime. Fond injustement négligé de mon point de vue, voire complètement ignoré dans certains cas.
« Gravity c’est impressionnant mais bon, c’est un nanar !» ai-je encore entendu il y’a peu !
Je ne compte pas ici faire changer d’avis les septiques sur ce film mais au moins tenter de décrypter certains éléments passés inaperçus pour une grande majorité des spectateurs, et je parle en connaissance de cause, Gravity étant sans doute le film sur lequel j’ai le plus débattu ces dernières années !
En 1h30, Alfonson Cuaron et son fils, à travers un pitch très simple, nous racontent en réalité trois histoires différentes qui touchent respectivement nos sens, notre humanité et notre âme : il y’a tout d’abord le film de survie, il y’a ensuite la renaissance symbolique du personnage de Sandra Bullock et enfin, par le biais de tout un réseau de symboles, ils nous narrent l’origine de la vie et nous questionnent donc sur son sens.
Le film catastrophe pour commencer est bien sûr celui qui a retenu l’attention. Celui qui a amené la plus large partie du public dans les salles, avide d’émotions fortes. Cette partie là a mis globalement tout le monde d’accord ! Que se soit la 3D, le son Atmos et bien entendu la mise en scène fluide et organique de Cuaron, difficile de ne pas déchirer les accoudoirs de son fauteuil ou de ne pas retenir sa respiration en même temps que les personnages (Lorsque le film est vu dans de bonnes conditions bien sûr…). Personnellement, je suis parti dans l’espace pendant 1h30. Et seul le cinéma pouvait m’offrir ce qui se rapproche le plus de cette expérience. Je remercie donc le génie de Cuaron et de ses équipes pour cela. Et je conseille d’ailleurs à tous le making of qui prouve vraiment que Cuaron mérite son ticket d’entrée dans le club très select des réalisateurs pionniers du cinéma, ceux dont la vision inspire les plus grands techniciens et artistes à créer de nouvelles technologies, donnant des outils tous neufs aux réalisateurs de demain.
Passons maintenant aux personnages, et plus précisément à Ryan Stone (Sandra Bullock). J’ai pu lire ou entendre que le fait qu’elle ait perdue sa fille et n’ait donc plus de réelle motivation de rentrer sur Terre était une aberration. Mais c’est pourtant ce qui permet à son personnage une magnifique évolution, un changement radical dans son comportement entre le début et la fin. A opposer au comportement de Clooney d'ailleurs, qui apparait dans un premier temps comme un bon vivant avant de laisser place à un homme dont la retraite aura finalement eu raison de son envie de vivre. Gravity, c’est donc l’histoire d’une « renaissance », celle d’une mère ayant perdue sa fille, donc sa raison de vivre. Et c’est une fois confrontée à la mort qu’elle réalisera que la vie est le plus beau des dons et qu’elle mérite d’être vécue quoi qu’il arrive. Cette révélation prend toute sa force quand on la met en parallèle avec le troisième degré de lecture. Et c’est ce qui est brillant dans ce film. Beaucoup ont critiqué le plan de la position fœtale de Stone lorsqu’elle parvient enfin à rentrer dans la station spatiale, le jugeant trop pompeux et pas très futile, surlignant le fait que le personnage et en pleine renaissance. Certes, ce n’est pas le plus subtil du film (c’est même le moins subtil !) mais c’est celui qui donnait pourtant la clé de tout le réseau de symboles qui constitue la troisième histoire que nous raconte les Cuaron : l’origine de la vie.
Cette histoire racontée par les symboles est à mon sens celle qui fait basculer le film dans le chef d’œuvre. Le parcours de Ryan Stone est celui de la vie. Car d’où vient la vie ? Des océans ? Certes. D’où viennent les océans ? D’où vient la Terre ?
A force de réfléchir en tant que terriens, nous avons facilement tendance à oublier que notre univers est majoritairement constitué de vide, de néant : précisément le lieu où se passe l’action de Gravity ! Cet endroit dont le film s’évertue à nous montrer qu’il est le plus hostile possible pour l’être humain ! Il le rappelle d’ailleurs dans les textes au début : aucune vie n’y est possible.
Et pourtant, c’est de là que nous venons.
Et c’est donc de là que part Ryan Stone, avant d’aller littéralement ensemencer la Terre dans un plan magnifique qui voit sa capsule de survie dépasser tous les débris de la station chinoise avec la Terre en arrière plan, évoquant la course des spermatozoïdes vers l’ovule. Et en guise de conclusion, la sortie de l’eau de Sandra Bullock, d’abord en rampant, puis à quatre pattes et enfin debout. L’Homme est né.
Ryan Stone, c’est le fœtus, démarrant le film attachée à Clooney par un « cordon ombilical » (faisant finalement du personnage une figure maternelle !), c’est l’origine des espèces de Darwin, c’est le spermatozoïde se dirigeant vers l’ovule, c’est tous les habitants de la Terre (une américaine dans une combinaison russe rentrant dans une capsule chinoise), son parcours, c’est le mien, le votre, celui de tous les Hommes.
Voilà comment l’histoire d’une astronaute perdue dans l’espace m’a questionné sur l'origine de la vie, m'a donné envie de vivre comme jamais et accessoirement envie de bouffer de la Terre!
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Créée
le 18 janv. 2016
Critique lue 395 fois
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