Houston...vous me recevez ?...Houston...

Je suis allé voir Gravity, c'était un bon soir. C'était au cinéma. Et en 3D. Je pense que cette phrase est suffisamment explicite quant à mon impression sur ce film. C'est un chef-d'oeuvre !


Grâce à un événement exceptionnel, j'ai pu voir Gravity en 3D. Et oh bon sang ! C'ETAIT ENORME ! Pour vous dire, je n'ai pas vu le temps passer, je serrais mon poing et mes mains par moment jusqu'aux veines ! Ce n'est pas le genre de film où l'on ressort de la salle avec la même pensée qu'en y entrant. Gravity c'est bien plus que ça.


Déjà, Alfonso Cuaron est un réalisateur auquel je suis surpris de ne pas m'être intéressé plus tôt. Il s'agit d'un des meilleurs représentants du cinéma Mexicain, avec Guillermo Del Toro et Alejandro Gonzalez Iñarritu. Et comme ce dernier, il est spécialisé et même popularisé par l'utilisation de plan-séquence. Et les plans-séquences sont mes pêchés mignons (c'est pour ça que je suis surpris de pas m'être intéressé plus tôt).


Gravity est un Spatio-Survival Movie, il y en a très peu mais les films qui se déroule dans l'espace en prenant la "Hard-Science" comme base sont toujours de pures réussites jusque-là (Seul sur Mars, Interstellar, Apollo 13...).
Et c'est tout à fait normal, dans l'espace, la réalité suffit et est même le plus à même de donner des enjeux. Car dans l'espace, nous sommes isolés, à l’extérieur de la combinaison c'est la mort, la moindre brèche peut être fatale, le moindre éloignement peut-être sans retour, trop de temps dans l'espace épuise l'oxygène, la radio est le seul moyen de communiquer, dans l'espace tu es isolés, dans l'espace tu es tout seul...


Et ce que j'ai énoncé est clairement le moyen le plus efficace de mettre en situation, car c'est exactement ce que Cuaron a fait pour le prologue. Un énoncé des dangers avec une musique qui monte au paroxysme pour être coupé nous plonge tête la première dans le film. Il nous hameçonne.


Et l'utilisation de la musique et du son est ingénieuse. Je dirais même que c'est une idée de génie. Cuaron prend de la distance avec les autres films hollywoodiens en poussant le réalisme au service d'une mise-en-scène virtuose !


Quand des éléments se rentrent dedans dans l'espace, nous n'entendons rien, dans l'espace il n'y a pas de bruit, les seuls sonorités que nous entendons ne proviennent que des lieux pouvant permettre du bruit. Là où il y a de l'oxygène. Et les seuls sons que nous entendons sont les personnages, les chocs physiques qu'ils subissent ainsi que la musique absolument magistrale !
Rien que le fait que nous entendons tout dans le même état que les personnages donne une immersion totale. Nous plongeant dans leurs même frayeurs. Et qui plus est, on a même droit à des moments à la première personne.


Mais la musique est...oh bon sang...SUBLIME ! La musique est le seul lien extérieur au film. Mais il est le seul lien aussi avec l'émotion qu'il nous donne ! La musique nous plonge dans la frayeur et sert de vecteur aux émotions des personnages. Là nous ne ne pouvons pas entendre les fracas et les chocs conséquents dû au manque d'atmosphère, le film nous donne des frappes sonores dantesques pour compenser, et ça marche au-delà de toute espérance. Car la musique est ce qui donne de la tension en sans avoir à tricher avec la mise-en-scène et les lois de la physique. Pas de bruit dans l'espace ? Super musique dans ta face ! Et cette manière dont la musique est mise en valeur ! La musique est un bruit qui rendrait jaloux Hans Zimmer, mais c'est surtout qu'elle respecte la logique du film. On entend la musique choc qui remplace le bruit inexistant et quand c'est un énorme "POOOOOIIIIIIIN" qu'on entend, c'est monté à l'apogée des hauts-parleurs pour couper d'un seul coup quand l'oxygène reprend ou quand la crise est finie. De quoi chambouler notre tête dans une situation de crise.


Et j'aime bien le fait que quand Stone est dans l'eau, le phénomène est habilement inversé: on entend de la musique sauf quand elle coupe quand la caméra est sous l'eau.


Et l'utilisation des plans-séquences est une fois de plus bluffantes. Nous avons vraiment l'impression d'être présent avec Ryan Stone, on a l'impression de vivre ce que les astronautes vivent devant nous.


Et que dire de la 3D qui est efficace ? C'est même l'une des meilleures 3D que j'ai vu. Déjà, comme ça se passe dans l'espace, la lumière et les couleurs n'ont aucune importance, ce qui fait qu'on a pas besoin d'enlever ses lunettes pour comparer. Mais l'effet de relief et de jaillissement sont très présent. Surtout quand l'apesanteur dans le film fait que l'on pourrait presque toucher les objets flottants. Je pense même que c'est le film de référence pour la 3D. Rien n'est gâché et tout est bénéfique.


Et la photographie...sublime ! Les plans contemplatifs de la planète Terre sont magnifiques. C'est dans ces moments quand on la regarde que les personnages sont loin de chez eux et qu'ils sont tout petits en comparaison.


Et les effets visuels sont parfaits. (oui, ils n'ont pas réellement tourné dans l'espace). C'est énorme, tant on ne croit pas une seconde que c'est de l'image de synthèse ! L'illusion est parfaite ! A aucun moment je me suis dit "c'est du cinéma" .Et quand j'ai appris qu'il y a des moments où leur visage a été incrustés sur des plans entièrement en images de synthèse, j'avais qu'une envie c'est embrasser le gars responsable des effets visuels tellement l'illusion est parfaite.


Et je n'ai pas encore parlé des acteurs. Et franchement, qu'est-ce que ça changerait ? Est-ce que c'est réellement une surprise ?
Sandra Bullock est parfaite dans son rôle. Elle incarne le docteur Ryan Stone. Pendant toute la durée du film, j'y croyais à fond dans ses expressions et son personnage. Ainsi que ses émotions.


George Clooney dans le rôle de Matthew Kowalski est génial aussi. Il détend un peu l'atmosphère avec son côté positif sans pour autant en enlever la détresse (et sans être cliché en plus).


Sauf pendant la scène où il apparaît exprès pour ça, en persuadant Stone de continuer, et c'est fait exprès et c'était une hallucination, du coup c'est crédible. Et son sacrifice est vraiment noble. Même en sachant sa mort inéluctable, il continu de lui donner des instructions pour lui sauver la vie (presque comme un fantôme qui guide le voyageur).


Cette mise-en-scène qui mélange si bien avec osmose la situation, l'émotion et la musique c'est...WHOAW ! Je sais que ça peut paraître cliché de faire des louanges comme ça mais je ne peut pas décrire quelque chose d'aussi génial pour rendre justice à ce film.


Et Gravity n'est pas que ça. Rien que la manière dont a été exécuté la tension est la situation en fait un chef-d'oeuvre en terme de survival-movie et de Blockbuster.
Mais là où il dépasse le stade de film, comme Interstellar, il est emprunt d'un profond humanisme.


Gravity est un film humaniste et remplie d'un symbolisme propre. Il aborde le thème du questionnement, de la renaissance et du dépassement de soi.


Ryan Stone est une astronaute traumatisée par la mort de sa fille dû à un accident banale. D'ailleurs, contrairement à ses collègues enthousiastes dans l'espace, elle semble plus blasée par ce qui l'entoure. Elle et Matt Kowalski se retrouvent tout seuls dans l'espace et doivent rentrer chez eux. Je ne vous spoil pas le film rassurez-vous.


Quand elle arrive dans la Station Spatiale Internationale, elle respire enfin et l'apesanteur lui fait prendre la position d'un fœtus en flottaison, comme un bébé qui prend son premier souffle. Une sorte de renaissance.


Et pendant tout le film, elle tente de communiquer avec Kowalski et Houston, même quand elle sait que la liaison n'est plus, elle continue de parler. Il y a même un moment où elle se doute que Kowalski est mort depuis longtemps, elle lui parle. Elle qui dit ne jamais avoir prier, elle fait pendant tout le film une prière, pour ne pas se sentir seule. D'autant qu'elle lui parle comme vers l'au-delà, où elle fait le rapprochement avec sa fille. Elle qui est pourtant athée d'après ses dires.


Et quand Kowalski revient (l'hallucination). Gravity étant un film réaliste, c'est clair qu'on prend ça comme une hallucination, mais avec la symbolique que prenait Cuaron, on pourrait carrément assimiler Kowalski (probablement mort à ce moment du film) comme un ange gardien. Stone avait abandonné et il revient comme par hasard lui donner la solution pour s'en sortir (en plus sa combinaison est blanche, et Stone a une combinaison marron qui marque la différence).


Et quand elle se trouve dans les modules de secours, on peut voir une carte religieuse russe et une statuette de Bouddha.


Et quand elle sort de l'eau à la fin, son premier pas est marqué par la musique. Comme le premier pas de l'Homme dans l'évolution. Et pareil, comme une renaissance. Pendant tout le film, elle était blasée, elle écoutait même la radio en silence d'après ses dires, le traumatisme de sa fille était bien là. Mais après tout ça, elle semble guérie. Pendant le dernier quart d'heure du film, elle est déterminer à rentrer sur Terre contrairement à avant où elle était désemparée et paniquée.


Tous ces éléments communs à toute croyances font de Gravity un film humanisme emprunt d'un côté panthéiste. Lié à des croyances rendu presque palpable avec ces vues contemplatives de la planète Terre. On parle quand même d'astronautes qui dépasse la condition humaine en allant dans l'espace, et Stone y revient d'une manière symbolique vraiment forte.


Bon après, comme tous les films Hard-Science, les scientifiques sont les premiers à chipoter sur les détails et les inexactitudes scientifiques (de toute façons, c'est impossible de faire un film Hard-science sans faire des entorses à la science elle-même).


Comme le fait que Ryan Stone porte ses sous-vêtements sous sa combinaison, que Kowalski une fois rattrapé par Stone n'avait pas besoin de lâcher la sangle puisque il n'était pas attiré par quoique ce soit. Le fait que l'on puisse atteindre la Station Spatiale Internationale en tenue extra-véhiculaire, ou même le fait que les débris reviennent et reviennent pour détruire tout ce qui se trouve sur le passage (ces débris vont voler comme ça et tout détruire jusqu'à la fin des temps ?).


Mais je crois avoir décelé des trucs assez discutables...


comme le fait que les Russes semblent êtres de gros irresponsables, ils balancent un missile pour démolir un satellite sans se dire que ça ferait des débris ultra-destructeurs ? (ça détruit la Station Spatiale Internationale bon sang !) Ou le fait que la Station Spatiale Internationale soit carrément laissé à l'abandon avec risque d'incendie.


Et au passage.


Si Stone a pu communiquer avec...un Inuit (je crois, des chiens et un non-parler anglais...), ça signifie qu'elle aurait pu tenter de régler la radio pour parler à quelqu'un non ? (après, c'est plus symbolique encore une fois, Stone entend un bébé et un chien comme la simple vie qu'elle avait avant, et les regrets la poussent à vouloir se suicider).


Mais à part tout ça...CE FILM EST PARFAIT ! L'émotion est intense, la tension est prenante, le film prend aux tripes, ça caresse la rétine, les oreilles sont envoûtés...C'EST UN CHEF-D'OEUVRE ! Il n'y a pas d'autre mot pour décrire un film qui dépasse le stade de film.


Gravity, le chef-d'oeuvre d'Alfonso Cuaron. Et cette fois, je vais m’intéresser de près à ce cinéaste.

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le 2 déc. 2015

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Housecoat

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