Je suis personnellement souvent friand de biopics, en particulier ceux concernant des musiciens dont j'adore les morceaux. Cependant, pour ne pas se rater, il faut respecter, outre ce qui est nécessaire à tout bon film, deux conditions particulières:
- Premièrement, il faut avoir quelque chose à raconter. Être célèbre, ou même un pionnier dans son domaine ne veut pas forcément dire que la vie entière de la personne est intéressante. Bons exemples: Ray, Walk the Line. Mauvais exemples: Yves St-Laurent (peut-être que le prochain nous apprendra quelque chose), The Runaways (c'est con parce qu'elles étaient hyper trash en réalité, il y avait matière à bien mieux).
- Deuxièment, il faut une certaine ressemblance physique entre les acteurs et les personnes qu'ils incarnent. Bien sûr ça ne peut pas être parfait, mais il faut quelque chose. C'est nécessaire à la crédibilité. Bons exemples: Val Kilmer dans The Doors qui est le sosie de Jim, ou Sam Riley dans Control qui a une vraie ressemblance avec Ian Curtis. Mauvais exemple: le casting de Nowhere Boy qui relève du foutage de gueule, entre un John Lennon tanké comme Superman, qui parait bien trop vieux et dont les yeux n'étaient pas bleus du tout et un Macca qui parait avoir 8 ans et fin comme une brindille.
Pour un biopic de Jerry Lee Lewis, les éléments sont là. Le mec était quand même un phénomène monstrueux: pionnier du rock'n'roll, grand rival d'Elvis dont on disait que le service militaire allait flinguer sa carrière, rivalité avec Little Richard pour être considéré comme le meilleur pianiste de l'époque, marié deux fois, le mec jouait du piano debout (impensable à l'époque), grand provocateur on le surnommait "the killer", il a même foutu le feu à son piano pendant un concert et a joué tant que c'était possible.... et surtout, SURTOUT !! Il s'est marié avec sa cousine de 13 ans alors qu'il en avait 23 et que son divorce n'était pas terminé.
Le mec lui fait un gosse alors qu'elle a 14 ans !! Descente aux enfers pour lui et il lui faudra plus de dix ans pour remonter la pente. Il fera partie en 1986 de la toute première promotion du Rock'n'Roll Hall of Fame avec, allez je vous les cite tous, Chuck Berry, James Brown, Ray Charles, Sam Cooke, Fats Domino, The Everly Brothers, Buddy Holly, Little Richard et Elvis Presley. Une bande de rigolos en somme.
Si avec ça il n'y a pas de quoi faire un biopic, je ne sais pas ce qu'il faut.
Et pourtant, Great Balls of Fire ! est un film sympa, mais guère plus. La musique est bien entendu superbe, mais choisir Dennis Quaid ne respecte en rien la ressemblance nécessaire. A part la couleur de cheveux, les deux n'ont rien à voir. Du coup, pour compenser, Quaid en fait des tonnes pour singer les tics du pianiste, et c'est à la limite du cabotinage. Le parti pris est de se concentrer sur les débuts de la carrière de JLL (pour les intimes), mais ses rivalités musicales sont à peine traitées, le film faisant la part belle à son mariage avec sa cousine. A ce sujet Winona Ryder est impeccable, et la relation entre les deux est extrêmement bien retranscrite.
Un film divertissant, mais incomplet donc. J'ai aimé car c'est un bon film, mais je n'ai pas pu monter la note plus haut car j'en attendais davantage.