Vengeance glacée
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le 16 oct. 2024
Après Violent Panic : The Big Crash de Kinji Fukasaku, Roboto Films vient rajouter à sa toute fraiche collection Gangsters un inédit d’un autre grand réalisateur japonais, Teruo Ishii (The Blind Woman’s Curse, Femmes Criminelles). Après avoir tourné pas moins de 10 films Abashiri Prison (entre 1965 et 1967) avec Ken Takakura, Ishii revient dans cette prison infâme située au milieu des bas-fonds empreints de froid de Hokkaido dans Great Jailbreak. Mais cette prison ne sera que les prémices d’un film de vengeance qui n’a rien à voir avec sa saga phare des années 60, avec ici un homme reconnu, à tort, coupable de vol et de meurtre, condamné à mort, qui s’en échappera bien vite pour retrouver et tuer ceux qui l’ont piégé. Un thriller sombre versant parfois dans l’exploitation mais qui mérite toute sa place dans cette collection de Roboto Films qui ravira clairement tous les amateurs de Ninkyo Eiga.
Très ancrée dans les années 70, l’histoire que Geat Jailbreak nous raconte est sur le papier on ne peut plus simple, une histoire de vengeance et d’honneur qui finira en bain de sang. Déjà vu et revu certes, et pourtant Ishii arrive à nous passionner dès le départ avec cette ambiance glaciale, ces paysages enneigés, ce froid qu’on ressent à travers l’écran dès que les personnages s’échappent de prison. Là, commence une lutte pour la survie faite de privation, dans lequel notre (anti)héros voit ses codétenus périr dans le froid, où un rat devient immédiatement un met presque luxueux, où un préservatif usagé remplie d’urine fraiche devient une bouilloire permettant un peu de lutter contre le froid, où les conditions extrêmes brisent mentalement et physiquement les hommes. Sans parler de cette collaboration entre évadés qui petit à petit devient du chacun pour soi. Le retour à la civilisation n’est guère plus joyeux lorsqu’arrive la paranoïa de l’évadé, où chaque regard suspicieux d’un passant peut signifier une trahison et l’arrivée de la Police. Les amitiés naissantes y sont fragiles, surtout lorsque les informations à la TV et les journaux parlent de cette évasion, et il est difficile de se faire discret lorsqu’il faut trouver de l’argent ne serait-ce que pour manger ou se loger. Et puis vient l’heure de la vengeance, lorsqu’on a retrouvé la trace de ceux qu’on cherchait, une vengeance qu’il faut rapide, pour ne pas qu’ils s’échappent, mais dans laquelle il est fort probable d’y laisser des plumes. Great Jailbreak est découpé en trois actes bien distincts et il n’y en a clairement pas un plus faibles que les autres, l’ensemble formant un tout très homogène, vraiment intense, jusqu’à un final sanglant et viscéral qui marque immédiatement.
L’ambiance de Great Jailbreak se fait rapidement oppressante et nous attrape à la gorge jusqu’au final où elle lâche prise lorsque le film vire au cinéma d’exploitation avec ce gunfight sanglant dans un train, suivi d’une traque dans la neige. A partir de là, le gore s’invite à la fête avec bras coupés, têtes explosées dans des gerbes de sang bien exagérées. Les amateurs de gores seront ravis, mais on perd clairement la force de tout ce qui avait été construit jusqu’à présent. Néanmoins, de la première à la dernière seconde, la mise en scène soignée, avec cadrages parfois presque expérimentaux mais du plus bel effet, de Teruo Ishii va nous amener au plus près de ses personnages. La distribution du film est vraiment excellente, avec Ken Takakura qui livre est bien belle performance toute en subtilité, en jouant ce personnage qui prend des décisions discutables et a des réactions moralement ambigües, mais qui a un certain code d’honneur, qui sait faire preuve de compassion (le vieux détenu, la jeune fille malade), allant jusqu’à mettre sa couverture à mal pour aider quelqu’un pour qui il s’est pris d’empathie. Bunta Sugawara est malheureusement trop en retrait, apparaissant ci et là après s’être échappé de prison. C’est d’ailleurs dommage car il vole la vedette à chacune de ses apparitions et on aurait aimé en savoir plus sur ce personnage douteux au passé trouble. Avec ces personnages, Teruo Ishii aborde de nombreuses thématiques comme l’honneur, mais aussi l’humanité qui réside en chacun d’entre nous, ou encore l’entraide entre marginaux, se détachant dès qu’il le peut du Ninkyo Eiga tout en gardant certains de ses codes. Le résultat n’est peut-être pas complètement abouti, mais il demeure néanmoins un bon film, bien interprété, bien mis en scène, prenant, seulement entaché par un final pas raté, mais dont le ton dénote un peu avec le reste.
2ème entrée dans la collection Gangsters de chez Roboto Films, Great Jailbreak nous propose un récit unique, un film sombre avec un antihéros magnifiquement interprété par Ken Takakura et une ambiance glaciale. Recommandé !
Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-great-jailbreak-de-teruo-ishii-1975/
Créée
le 26 sept. 2024
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