Greatful Dead
6.8
Greatful Dead

Film de Eiji Uchida (2013)

Il est assez rare d’avoir du réel cinéma d’auteur nippon baignant dans le gore, et pourtant Uchida est là pour assurer le poste, preuve en est avec ce nouveau métrage, faisant suite à son génial The Last Days of the World, aussi fou qu’inventif, balayant d’un revers de la main tous les produits médiocres sortis un ou deux ans après (Le dernier pub avant la fin du monde, C’est la fin, Jusqu’à ce que la fin du monde nous sépare, etc).
Greatful Dead a l’un des synopsis les plus amusants, où Nami, une jeune femme solitaire observe les gens esseulés, jusqu’à ce que des bénévoles chrétiens viennent apporter un peu de vie à ceux-ci, ruinant par la même son jardin secret, et la poussant à recourir à la solution la plus rapide et la plus efficace, le meurtre.
Dans le plus pur esprit noir, les évènements s’enchainent et il faudra toujours adhérer à l’humour particulier, et rien que l’instant où la protagoniste découvre l’arrivée des chrétiens est un pur moment d’ironie absurde qui vous fera vous esclaffer. Ironie doublée d’une seconde, d’un acte de pur bonté peut naitre le mal, confirmant l’équilibre des énergies prôné par la Wicca (Loi de Newton pour les athées ou Loi du Talion pour le trio abrahamique).
Uchida — réalisateur et scénariste —, en plus d’être un humoriste d’un autre monde, a un talent indéniable pour emprunter ça et là des formules tout en les incorporant à la perfection à sa trame, faisant que sous ses airs de The Audition, Greatful Dead n’en est pas du tout un, il serait davantage l’enfant terrible du home invasion, de C’est arrivé près de chez vous, et pourquoi pas, d’une certaine manière, de l’art de Sang-soo Hong, le côté anarchique de la narration amputé. Et encore une fois il n’y a que le cinéma d’auteur qui se permette autant de dissidence, étant un habile divertissement pointant du doigt avec subtilité la connerie de la télévision actuelle et la façon dont elle a en elle le pouvoir de changer le cours de notre vie, alors que c’est l’expérience qui devrait s’en charger, non un tube cathodique ou OLED.
Le casting n’est lui non plus pas en reste, avec Kumi Takiuchi, brillante, et Takashi Sasano (Jellyfish), sublime et attendrissant en vieillard, et cela sans oublier la multitude de seconds rôles ingénieux, le « copilote » de Nami (Taro Yabe) étant par exemple l’un des personnages les plus curieux qu’il ait été donné de voir. Notons aussi la présence de quelques apparitions de têtes connues, dont Itsuji Itao (Tokyo Gore Police), Hôka Kinoshita (Ichi The Killer) et Kenji Matsuda, le yakuza déjanté et décérébré du Versus de Ryûhei Kitamura.
Greatful Dead est une mise en image de la douleur dans un monde dérangé et pourtant pas si différent du notre. Sous couvert de comédie gore, Eiji Uchida réussit à faire passer élégamment du cinéma d’auteur qui réussit à mêler beauté, critique de société et pur divertissement. Un exemple de cinéma moderne nippon de qualité.


Critique

SlashersHouse
8
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le 17 août 2015

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