Ayant remporté l’oscar du meilleur film de l’année 2019, ainsi que celui du meilleur scénario, la production Green Book : Sur les routes du sud avait de quoi attiser ma curiosité, surtout pour son histoire d’un duo composé d’un conducteur à l’accent italien et d’un pianiste noir excentrique faisant une virée musicale dans un pays où les noirs n’étaient pas tout à fait respectés. C’est une histoire qui m’avait bien l’air très émouvante, touchante et curieuse, dénonçant une honte qui n'aurait jamais dû exister. Très orienté dans la comédie familiale, voire celle du romantique, le réalisateur Peter Farrelly change de registre en allant complètement dans le genre dramatique et également celui de la biographie.
C’est un changement majeur et délicat à entreprendre mais pas impossible d’y faire face, le metteur en scène avait sûrement de bonnes bases cinématographiques pour raconter une histoire riche en détails et en péripéties. La réalisation est de bonne qualité, bien que quelques renforcements informatifs dans quelques scènes ou situations n'auraient pas été de trop pour bien expliquer les choses. Pendant cette tournée routière et musicale forte instructive, on découvre l’image nauséabonde et dérisoire des États-Unis et sa vision portée sur les noirs, nourrie par une population de Ricains malhonnêtes et intraitables.
Toute la production est une multitude de définitions de la discrimination, traduites sous plusieurs aspects comme les toilettes séparées, le fait d’attribuer à un professionnel un piano minable ou l’interdiction formelle pour artiste noir de dîner dans un restaurant chic avec ses collègues. La description d’une Amérique coincée dans une époque où les noirs vivaient dans une ère d’esclavagiste est soigneusement bien écrite, conforme à mes attentes et le côté dramatique est bien utilisé pour faire de cette production un solide documentaire très engageant à visionner. Une chose qui est assez regrettable dans cette production est de ne pas avoir une vision sur le nord de l'Amérique, juste pour faire la différence entre les deux parties du territoire.
Visuellement, c’est bien structuré, chaque dérapage venant du conducteur ou du pianiste s’enchaîne sans le moindre accroc, avec un rythme très bien réglé, créant une sorte de faux divertissement qui passe très bien pour visionner un film qui n’est pas fait pour faire amuser la galerie. Bien entendu ! L’atout majeur de cette production vient du duo d’acteurs convaincants Mahershala Ali et Viggo Mortensen. Le premier exprime avec beaucoup de clarté ses émotions, se tient constamment droit dans ses bottes et dessine un pianiste passionné par son métier mais endeuillé par le traitement que chaque gérant lui inflige. Quant à Viggo, il est assez surprenant et très ferme dans la peau d’un garde du corps rustre et pas très pédagogue, il n’a pas hésité à prendre 20 kilos pour dessiner un vrai ventre sur pattes.
Deux interprétations qui méritent bien toute notre attention, sillonnant les routes des États-Unis et faisant halte dans plusieurs coins du pays, créant une certaine réflexion sur le racisme. On passe par tout et on fréquente toutes sortes d'individus irrespectueux comme des policiers corrompus ou des gérants ou propriétaires d’établissements qui n’ont que faire du bien-être d’un célèbre artiste. Au niveau des décors, c’est très réel, on est bien plongé dans les années 60, c’est architecturalement bien monté et avec beaucoup de soin.
L’amitié entre les deux protagonistes principaux se renforce de plus en plus pendant le visionnage et le ridicule se manifeste de plus en plus, en particulier quand Viggo fait la réflexion de voir des serveurs noirs dans un restaurant chic où la star de la soirée n’est pas autorisée à dîner. Bref ! Un road-movie intéressant à visionner, une vraie leçon d’histoire et une ode subtile à la tolérance, un peu dommage que ce ne soit pas assez bien approfondi sur certains points. 8/10
- Ne jamais montrer ses liasses de billets dans un bar !
- J’étais sûr que vous avez une arme.