Le « Green Book » (du nom de son auteur), qui donne son titre au film, est une sorte de guide de voyage dans les états ségrégationnistes du Sud à destination exclusive des Noirs, pour leur indiquer les hôtels (généralement miteux) qui leur sont réservés et les interdits (ne pas uriner dans les toilettes réservées aux Blancs, ne pas circuler après la tombée de la nuit, etc.) qui leur sont appliqués.
L’action se déroule sur quelques mois, en 1962. Tony Vallelonga (Viggo Mortensen), videur de cabaret italo-américain, après avoir été licencié du cabaret où il travaillait, trouve un emploi de chauffeur auprès d’un musicien noir de renom, Don Shirley (Mahershala Ali[1]).
Tony vit dans le Bronx au sein d’une famille italienne unie. Il est d’un racisme primaire, allant jusqu’à jeter à la poubelle les verres dans lesquels sa femme avait servi de la citronnade à deux ouvriers noirs.
Se mettre au service d’un pianiste noir d'origine jamaïcaine ne l’enchante pas mais, désormais sans travail, il n’a pas le choix et il s’engage à lui servir de chauffeur et de garde du corps dans la tournée organisée par la maison de disques dans les états du Sud des États-Unis, là où l’on applique encore les « lois Jim Crow »[2]. Se produisant devant des auditeurs blancs et cultivés, Don Shirley ne s’attend pas à être ostracisé pour sa couleur de peau par ce même public raffiné qui l’acclame en concert.
Personnage délicat, raffiné, précieux et solitaire, élevé dans le culte de la musique classique, d'abord choqué par la rudesse et la grossièreté de son chauffeur, n'a pas d'autre choix que de supporter ses mauvaises manières.
Au fur et à mesure du déroulement du voyage, Villelonga s’avère plus humain, comprenant que son petit racisme de blanc new-yorkais n’a rien à voir avec le racisme institutionnalisé du Sud et il va devenir le soutien fidèle et l’ami de quelqu’un qu’au départ il méprisait.
Mon opinion
Ce film doit beaucoup à l’étonnant duo formé par Viggo Mortensen, acteur d’origine danoise que l’on avait découvert dans le rôle du prince Aragorn dans le Seigneur des anneaux, qui joue ici le rôle d’un italo-américain mal dégrossi, face au raffiné et cultivé Mahersala Ali qui lui apprend à écrire des lettres poétiques à sa femme restée à New York pendant qu’eux deux affrontent le racisme et la ségrégation des états du Sud. Magnifique film où l’humanité triomphe sur la stupidité.
[1] Qui a tenu l’un des rôles principaux dans la série Les 4400.
[2] Lois ségrégationnistes en vigueur jusqu’en 1964 dans les états du Sud de l'Amérique!