Being genius is not enough, it takes courage to change people's hearts.

Un film que je recommande fortement. Le pitch m’avait intrigué et le casting était alléchant, mais je ne pensais pas tomber sur une comédie dramatique qui tape juste à chaque fois. Inspiré d’une histoire vraie, l’intrigue repose beaucoup sur le cas classique de deux personnages complémentaires que tout oppose (entre l’Americano-italien rustre et l’afro-américain précieux) mais qui finissent par se comprendre au fur et à mesure. Cependant, ce qui la rend ici aussi percutante, aussi efficace, et aussi bien dosée repose sur deux points : le fait qu’il y ait une véritable alchimie à l’écran entre les acteurs mais aussi les personnages, mais aussi la fluidité de cette progression. Les deux personnages ont clairement évolué entre le début et la fin, et pourtant, et pourtant, cette évolution n’apparaît presque pas à l’écran. Elle se fait par des petits détails ici et là, lentement, progressivement, naturellement. Les personnages ont changé, mais ils ont en même resté fidèle à leurs valeurs profondes, à leurs convictions.

Bien sûr, du fait des personnages, le film va jouer sur énormément de clichés, d’un côté comme de l’autre, tout en faisant prendre conscience de la réalité de la situation. Les comiques de situations seront nombreux, tout comme les comiques de répétition. L’humour est fin, efficace, percutant, bien dosé. Très sincèrement, je ne pensais pas passer la moitié du film à rire, et pourtant c’est ce qui s’est passé. Parfois on le voit venir, parfois ça vient avec des gros sabots, mais ça fonctionne toujours. Le film joue sur les personnalités opposées des personnages pour créer cette complémentarité qui ne va pas les sortir de situations (ils le font par eux-mêmes, avec leurs moyens) mais justement à se comprendre l’un l’autre, et finir par se respecter. C’est un schéma très classique, certes, mais on voit ici la naissance d’une très belle amitié. Et c’est ça le sujet du film : le respect.

Le casting est brillant. Alors bien sûr, les rôles secondaires sont corrects sans forcément être extraordinaire (je pense à Linda Cardellini), mais oui, on ne va pas se mentir : Viggo Mortensen et Mahershala Ali sont brillantissimes dans ce film. Surtout, chacun est au diapason avec l’autre, il y a une véritable alchimie entre les deux (et je trouve injuste d’avoir considéré Ali comme rôle secondaire car clairement, il est tout aussi important que Mortensen). Chacun est tout simplement incroyable dans son personnage respectif. Que ce soit leurs dictions, leurs langages corporels, les regards qu’ils ont… Il n’y a pas une scène où il y a une fausse de note et de l’autre, ils sont justes à chaque fois. Une telle alchimie aussi bien dans l’intrigue que dans le jeu est assez rare pour être soulignée, et participe beaucoup au succès et l’efficacité de l’ensemble.

Techniquement, le film sera plutôt correct à bon. J’ai bien aimé la musique et les décors, la première car elle joue un rôle essentiel dans les arcs narratifs des personnages (et c’est surtout via ce vecteur que Toni va comprendre Don), mais aussi parce que les deux nous plongent avec efficacité dans l’Amérique des années Kennedy, et surtout la différence flagrante dans l’atmosphère ressentie entre tous les lieux où se déroule l’histoire. La mise en scène reste très conventionnelle, mais j’ai beaucoup aimé la photographie et le choix de certains cadres. C’est très classique, mais ça marche très bien.

Bref, un film que je recommande chaudement. Parce qu’il traite avec justesse d’un sujet important, le respect de l’autre, mais aussi parce qu’il est efficace dans tout ce qu’il fait. Très bien écrit, il réussit à mettre ses personnages en avant dans une évolution progressive. Certes, c’est presque un cliché dans ce genre de film, mais ça nous montre surtout qu’au final, les amitiés dans la vraie vie reposent avant tout sur le respect et que ça n’implique pas de devoir changer qui on est. Seulement comment on voit le monde. Et c’est un très beau message.