Lorsque je suis tombé complètement par hasard sur la bande annonce de Green Ghost and the Masters of Stone, je me suis dit « pourquoi pas ». J’avais l’impression que j’allais être dans un film de super héros à petit budget, se moquant gentiment du genre, qui pourrait sortir de l’ordinaire. Alors oui, pourquoi pas, d’autant plus que si ce n’était pas bon, ce n’était pas bien grave puisque le calvaire n’aurait duré que 1h21 génériques compris. Et qu’en est-il au final ? Ne gardons pas le suspense plus longtemps, ce n’était pas très bon et j’aurais dû faire confiance à la moyenne de 4.6/10 de IMDB, déjà bien trop généreuse pour le spectacle proposé. Parce que ce qui est peut-être le plus intéressant dans Green Ghost and the Masters of the Stone, c’est sa raison d’être, c’est pourquoi il a été fait, et ça a quelque chose de touchant. Mais malheureusement, ça n’en fait pas un bon film pour autant.


L’acteur / producteur Charlie Clark a essentiellement été élevé par sa grand-mère et par une nounou mexicaine, « nana », au point de développer un véritable amour pour cette dernière. L’homme a depuis grandi, a fait fortune en tant que concessionnaire automobile à la frontière mexicaine dans le Texas, avec comme devise de vendre des voitures à ceux qui ne parlaient pas anglais, sous-entendu les mexicains vivant à la frontière. Petit à petit, Clark a développé une véritable passion pour le Mexique, sa culture, ses gens, au point de commencer à produire des spots publicitaires pour sa concession, dans lesquels il faisait apparaitre sa « nana », mais s’est également improvisé acteur / producteur / réalisateur d’une série bilingue (anglais / espagnol) assez fauchée, appelée Green Ghost and Mexican, diffusée localement au Texas ainsi qu’au Mexique, dans laquelle apparaissait également « nana ». Mais avec son argent, il a envie de rendre encore plus hommage à cette dernière, il rêve d’un film dans lequel il lui rendrait une fois de plus hommage. Il démarche à droite à gauche, s’associe à la production avec David R. Rodriguez, le frère de Robert Rodriguez, fait même appel à Chingon, le groupe de Robert Rodriguez, pour la musique de son film, et c’est ainsi que Green Ghost and the Masters of the Stone est né, un film de super héros comique pour rendre hommage à « nana ». Nous sommes ici dans un film qui, par son ton, son ambiance, son visuel, aurait pu être un spin off de la saga Spy Kids de Robert Rodriguez. On nous présente le schéma assez classique du mec qui renferme des pouvoirs en lui mais qui ne le sait pas, et son entourage va tout faire pour libérer ses pouvoirs lorsqu’ils sont menacés par des grands méchants qui veulent eux-aussi ces pouvoirs. Des grands maitres venus du monde entier vont l’aider à maitriser ses pouvoirs et il va pouvoir aller botter des culs. L’ensemble est très prévisible, ne cherche jamais à dévier de sa trajectoire, sait se montrer parfois efficace, mais la plupart du temps, ce n’est malheureusement pas très passionnant. Ce n’est pas très passionnant car on ne croit jamais à cette histoire même en acceptant le postulat de départ. D’autant plus que souvent, les actions des personnages ne sont pas justifiées, la construction n’est pas forcément bonne et il y a clairement pas mal de failles à ce niveau-là.


Le choix de Charlie Clarke d’incarner lui-même le rôle principal est très étrange. Dans un flashback, les trois personnages principaux, alors enfants, ont similairement le même âge, mais dans le présent du film, le Green Ghost semble avoir 20 ans de plus que les deux autres. On comprend bien que sous couvert de cette histoire de pierres qui donnent des super-pouvoirs, Charlie Clarke raconte un peu son histoire, de son boulot chez un concessionnaire à sa relation spéciale avec « nana » (le film lui est d’ailleurs dédié), mais il aurait été clairement plus judicieux de prendre un acteur bien plus jeune pour tenir son rôle. Les autres acteurs vont du bon au très moyen. Danny Trejo semble s’éclater en maitre alcoolique de la boxe de l’homme saoul. Si on prend en compte le budget du film qui n’a pas l’air d’être mirobolant, les effets spéciaux sont acceptables. Mais le reste ne tient pas longtemps la route. Ce n’est pas particulièrement bien filmé, certaines scènes (dont les combats) sont beaucoup trop longues, et on a l’impression que le réalisateur applique à la lettre les quelques règles de cinéma qu’il connait. La bande son est plutôt sympathique, comme par exemple cette reprise, en espagnol, de Eye of the Tiger du groupe Survivors, thème emblématique de Rocky III, interprétée par le groupe de Robert Rodriguez « Chingon ».


Green Ghost and the Masters of the Stone comporte pas mal de scènes martiales pas trop mal chorégraphiées et surtout pas trop mal montées. Là où certains auraient tout misé sur le montage ultra cut et rapide pour faire illusion, ici ça tente d’enchainer les coups sans coupe et bien qu’on soit très loin de ce qui se fait en Asie, ça reste honorable et surtout regardable sans que ça pique les yeux. Le problème, c’est que ça manque clairement de punch et mettre des ralentis au moment de certains coups pour accentuer leur impact, ça ne marche pas forcément. On a également parfois un peu l’impression d’être devant une démonstration d’arts martiaux tant tout semble préparé (et ça se voit à l’écran). On ne pourra pas non plus se consoler avec l’humour. Green Ghost and the Masters of the Stone est un film assez familial, et l’humour qu’il essaie de nous communiquer, si on excepte quelques gros mots, va rester très gentillet. Trop gentillet. Et ça ne fonctionne pas vraiment. Il y a bien quelques gags ou répliques qui font sourire, comme lorsque Danny Trejo dit qu’il n’a pas besoin de machette (en référence au film Machete dont il tient le rôle principal), mais guère plus et là aussi l’ensemble est plat, sans aucune fulgurance. Alors oui, on comprend la démarche de ce Charlie Clarke et il semble être parfaitement sincère, mais ce n’est pas parce que tu mets ta « nana » sur un piédestal que tu fais un bon film pour autant.


Green Ghost and the Masters of the Stone est un hommage très doux à ce qui semble être une femme extraordinaire, rendu par un homme éternellement reconnaissant, mais le film n’en est pas bon pour autant. La démarche est louable mais le résultat raté.


Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-green-ghost-and-the-masters-of-the-stone-de-michael-d-olmos-2021/

cherycok
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le 26 sept. 2024

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