L'Animosité de l'Homme
Tsui Hark s'imprègne d'une légende chinoise pour mettre en scène Green Snake, celle du serpent blanc où deux de ces animaux sont inséparables, l'un a 1000 ans, l'autre 500 ans, l'un est blanc,...
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Adaptation d'une vieille légende chinoise précédemment portée à l'écran et au théâtre, Ching Se raconte comment deux serpents démoniaques vont prendre l'apparence de deux charmantes jeunes femmes et tenter de vivre comme de simples mortels, découvrir les joies, les peines, et la nature de l'Homme.
Comme quelqu'un de très sage m'a lancé un jour: "va donc me chercher un pack de bières, tu seras gentil". Ce jour-là, cette même personne m'a également dit "Parfois ce n'est pas la destination qui importe, mais le chemin emprunté" (je me demande encore aujourd'hui si c'est lui ou bien la bière qui a parlé). Le voyage que nous propose Tsui ne proposera pas nécessairement un dénouement des plus inattendus (encore que), mais la voie qu'il nous offre est royale. En véritable Docteur ès composition, Mister Il était une fois en Chine/Zu/Time and Tide/une tonne de tueries et autres navets utilise parfaitement nombre de filtres ainsi que diverses astuces visuelles et narratives, instillant à l'ensemble une ambiance absolument unique. Chaque plan est un tableau, un régal de tous les instants, une claque visuelle comme on n'en prend que rarement.
Vu suite à un simple statut du Pif (Dagoni serait notamment derrière nombre de recommandations, merci à lui aussi !), je ne m'attendais absolument pas à un tel feu d'artifice pour les yeux, un régal des sens. Par les costumes, les décors, les postures presque théâtrales, les dialogues quasi chantants, l'onirisme et la poésie se mêlent à merveille, un véritable tour de Mag(g)ie. On notera une certaine portée politico-religieuse, Hark effleurant le bouddhisme, par l'intermédiaire d'un moine taoïste notamment, mais cela ne perturbera en rien la marche en avant d'une féerie massive orchestrée par le producteur d'Histoires de fantômes chinois.
Maggie Cheung (Green Snake) et Joey Wong (White Snake) sont tantôt douces, tantôt venimeuses. Mi-anges, mi-démones, elles apparaissent sssssplendides, quasi divines, et à force de frétillements, l'on a vite fait de ne plus distinguer le Bien du Mal (White or Wong ?). A ce titre, Tsui Hark parvient à capter leur beauté comme personne. L'oeuvre baigne dans une sensualité rare. La bande son signée James Wong renforce le caractère envoûtant du film, quelque part entre sonorités indiennes et tradition chinoise. Un seul bémol, certains effets ont particulièrement mal vieilli, et ternissent quelque peu cette fable fantastique. Cela étant, pour peu que le chant entonné par les deux sirènes fonctionne, on ne prêtera guère attention à ce menu défaut.
Hark, capable du meilleur comme du pire, accouche avec Green Snake d'une oeuvre riche en (sex) symboles, mais surtout, d'une beauté formelle à couper le souffle. Sans serpenter, Tsui inonde le spectateur d'un ballet de couleurs, tandis que ce dernier, ébloui, est disposé à avaler bien des couleuvres. Il boa les séquences du Maître jusqu'à l'ivresse. Qu'on se le tienne pour dit, l'heure du serpent a bel et bien sonné(tte), à tel point qu'on en oublierait presque que Ching Se, snake du cinéma.
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Créée
le 29 déc. 2015
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