Gremlins 2 est la meilleure chose qui pouvait arriver après Gremlins 1. Si on peut reprocher à Hollywood de faire des suites trop semblables aux films originaux, cette suite là est une explosion de folie sous forme de doigt d'honneur.
Dante parachève les aventures de ses diables et pousse au vice sa thématique du virus parasite mutagène (les cartoons glauque dans la famille (4eme dimension), les transmissions humaines chez les aliens (explorers), la famille Klopek dans leur voisinage (les Banlieusards), Tuck dans Jack - oui - et Jack transmuté en cowboy (l'aventure interieure)...). Ici, l'humain est tant happé par la machine dans cette tour automatisée, que l'organique reprend ses droits. Et ce sont les gremlins qui s'en chargent : les bestioles parasitent tout leur environnement, se transmutent en tout et n'importe quoi, et se font eux-même contaminés par la culture occidentales des 80's !
Nous quittons la noirceur de la satire du conte de noël se moquant de film comme ET (le petit monstre gentil qu'on garde chez soi), pour un cartoon live et anarchiste. Là où les bestioles se contentent d'envahir une ville dans le (très bon) premier opus, ils finissent ici par exploser le 4eme mur et contaminent le film lui même de leur agressivité jouissive : Gremlins 2 a été monté par un Gremlins. Gremlins 2 est un film de vacances de Gremlins.
En prime, la fin des années 80 est dépeinte d'un point de vue amer, particulièrement au niveau des pratiques hollywoodiennes. Foutage de gueule des pratiques mercantiles (colorisation de classiques de l'horreur, ajout de fin "heureuse" à casablanca, toute puissances des critiques sur l'exploitation et la promotion des films) et bien plus : Gremlins 2 se moque ouvertement de son propre statut de suite, de sa légitimité à exister, et multiplie les clin d'oeil de l'opus original. Kate balance une anecdote traumatisante dont on se fout, elle ose shooter cette fois ci dans le gremlins exhibo, les bestioles se "vengent" du micro-onde, la séquence au cinéma devient un show de cabaret absurde, et Klamp suggère de faire des produits dérivés de Guizmo (ce qui a bel et bien eu lieu après le 1er film)...
Le moment de grâce survient lorsque la contamination devient totale et que les gremlins dérèglent le film (je préfère largement la version où les gremlins bidouillent le magnétoscope et la télévision) emmerdent les spectateurs, et prennent de plus en plus de temps d'images que les autres personnages... pour faire des conneries. Ce dont on nous apprend dans le 1er film (et dans la culture populaire américaine) est ici mise en pratique : le gremlin qui détraque ta télé, qui arrache les cables et bouffe les machine pour tout faire tomber en panne, il est chez toi ! Finalement, on s'en fout de voir comment venir à bout des gremlins, et on en espère de les voir sortir de l'immeuble pour conquérir "ce dont nous rêvons tous : la civilisation !"
Point non négligeable, la technique est incroyablement parfaite, les Gremlins et Mogwais sont réellement vivants à l'image, les marionnettes et animatronics sont exécutés et manipulés à la perfection, jusqu'à même rendre très drôle certaines pratiques (l'exemple du gremlin "danseuse étoiles" simplement planté sur un manche à balais qu'on lève et descend pour le faire passer dans le champ, ça me fait encore rire à chaque fois).
Gremlins 2 est surement trop sous-estimé. Évidemment, une suite se fait toujours comparer à l'originale mais je pense que Gremlins 1 et 2 sont si différents qu'on peut les apprécier sans avoir à classer lequel est meilleur que l'autre. Le premier est sombre et violent, le second est un gros "fuck you" dans ta gueule, mais avec serpentins et confettis.