Héroïne et formulaires.
Quand deux camés décident de décrocher de l'héroïne pour affronter l'enfer administratif de la rehab, cela donne un mélange inattendu entre Trainspotting et Une Journée en Enfer. Pour son premier...
le 6 sept. 2016
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Quand deux camés décident de décrocher de l'héroïne pour affronter l'enfer administratif de la rehab, cela donne un mélange inattendu entre Trainspotting et Une Journée en Enfer.
Pour son premier long métrage avant l'effroyable Glitter en 2001, Vondie Curtis-Hall s'est mit en tête de faire cavaler pendant 1h30, Tim Roth et Tupac Shakur (respectivement Stretch et Spoon), dans les méandres des différents organismes sociaux de New York afin de les faire se désintoxiquer après l'overdose de leur copine Cookie (interprété par Thandie Newton).
En chemin, ils réussiront à se pouiller la tête avec un dealer local en la personne de D-Ripper (joué par Curtis-Hall sublime en costard violet) et à être confondus avec des tueurs par la police.
Vous l'aurez compris, ici, nous avons 1h30 de film qui vont défiler à toute vitesse. C'est nerveux, décalé, et en même temps...pas tant que ça.
Tout d'abord, Curtis-Hall, évite de tomber dans l'écueil classique du film de drogués : il ne fait pas dans le drame trashouille.
Au contraire, il a plutôt tendance à prendre le partie de l'humour grinçant et caustique que pouvait utiliser Trainspotting.
Sauf qu'ici, au lieu d'exposer le quotidien scabreux de toxicos en mal de repères dans la vie blablabla, il décide de nous faire voir la galère d'UNE SEULE journée passée à essayer de se faire inscrire dans un programme de désintox.
En effet, les deux comparses vont devoir aller de bureaux en bureaux, de formulaires en formulaires et de préposés bigleux en préposés agressifs pour seulement entrevoir la possibilité d'entrer en désintox.
Tout ça se déroule sur un ton désabusé, pince sans rire mais curieusement frais. L'humour est assez bien dosée et le jeu atypique de Tim Roth en représente parfaitement les aspects.
Le tandem Roth/Shakur d'ailleurs, fonctionne plutôt bien. On reprend les classiques des buddy movies à tendances policiers des 90's en mettant en scène un tandem blanc/black, sauf qu'ici, le film met en avant le sang froid du black et la gaucherie du blanc plutôt que l'inverse.
Ce n'est pas follement révolutionnaire, mais ça a le mérite de proposer une autre dynamique entre les personnage et de jouer sur d'autres tableaux (on retiendra l'insistance de Stretch le blanc bec, à vouloir à tout prix appeler un pote dealer, "négro", provoquant l'ire de l'intéressé).
On s'attache à ce duo aussi improbable qu'accrocheur et l'on se plait à suivre leurs déboires au travers de scènes tantôt comique, tantôt dramatique.
Car le film ne laisse pas pour autant de côté les aléas de la condition de toxico.
Quelques scènes exposent, avec une précision relative, le quotidien de personnages héroïnomanes, leur rapport au produit et aux autres personnes, leur difficultés à être prit au sérieux dans un service d'urgence de la ville...
Sans en faire des tonnes, le métrage nous présente tout ça avec une certaine justesse mêlée d'une banalité quotidienne.
Une scène sort tout de même du lot : l'attente de Stretch et Spoon à l'hôpital pendant que Cookie, erre entre la vie et la mort dans un box d'urgence. Une succession de cut des deux personnages essayant de trouver un certain confort sur un banc puis, un travelling avant serrant sur Spoon fumant une clope sur fond d'une petite musique jazz piano/batterie/chant lancinant. Badant...
La musique d'ailleurs, parlons en.
Le score est presque exclusivement composé de morceaux issus de l'album Guest des Critters Buggin (bon, il y en a 4 en tout), truculent groupe de jazz de Seattle. Il remplie bien son office en ponctuant les scène de course poursuite d'un acid jazz nerveux et la fameuse scène de l'hôpital de son morceau le plus calme.
D'ailleurs, les trois personnages principaux sont également musiciens et officient dans un groupe mélangeant jazz et poèmes dictés langoureusement par Cookie.
En gros, on a un Tim Roth bourré de tics au piano mimant à merveille un jazzeux un peu allumé et Tupac, empreint de nonchalance et surtout cooooooool, jouant de la contrebasse ou de la basse tout en fumant une clope.
La classe quoi.
Deux scènes mettent en avant le groupe fictif dont la musique est signée par les Critters et le chant, par Thandie Newton.
Gridlock'D est un petit film trop méconnu à mon goût mais tout de même assez atypique de part le traitement de sa thématique.
Sans prétention et avec un certain sens du caustique, Vondie Curtis-Hall évite les pièges et nous fait passer un bon moment en compagnie d'un curieux mais attachant tandem de paumés, le tout sur un rythme bien soutenu.
Dommage qu'il n'ait pas continué dans cette voie...
Créée
le 6 sept. 2016
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