White and black blues

Gridlock'd est resté pendant près de 30 ans un simple poster dans une chambre d'ado. Un poster qui n'avait à l'époque qu'une seule raison de s'afficher : Tupac Shakur, figure qui, d'un California Love avait mis la West Coast sur ma carte du rap avec le même impact que le Wu-Tang 2 ans plus tôt.

Un poster qui envoyait du lourd façon film d'action des années 90 avec déluge de feu en fond.

Un duo explosif à la Mel Gibson/Danny Glover dont les personnages affublés de surnom cools (Stretch & Spoon) laissait suspecter un buddy moovie policier d'action.

Une accroche annonçant un récit dans lequel allaient probablement se débattre deux flics ripoux dépassés par leurs agissements. "Passées les bornes, y'a plus de limites..."

MEN-SON-GES éhontés de distributeurs !

Gridlock'd n'a absolument RIEN à voir avec ce que l'affiche française nous vendait et ce n'est peut être pas plus mal.

Stretch/Tim Roth et Spoon/2Pac sont deux junkies très rapidement sympathiques malgré un réveillon de nouvel an marqué par l'overdose de leur amie Cookie/Thandie Newton. Il n'en faut pas plus pour que les deux amis n'entamment un périple vers la désintox et leur motivation sera mise à rude épreuve face à l'administration outre-atlantique.

Avec son premier film, l'acteur Vondie Curtis-Hall nous dépeignait avec légèreté et humour les obstacles et les défaillances bureaucratiques du système de soins américain. Tout semble fait pour empêcher nos héros d'emprunter leur chemin vers la sobriété. Outre leurs désillusions et l'absence bienvenue de misérabilisme loin des ravages de la drogue, on navigue dans un quotidien jalonné de petites magouilles, de fixs et de mauvais choix. On pourrait regretter l'absence totale de mise en scène et de jeu d'acteur face aux effets de l'héroïne mais finalement, cela colle assez bien avec le ton du film, pourtant un poil déroutant face à la gravité du sujet.

Un regret par contre, c'est celui de voir la partie musicale du récit si peu exploitée. En effet, nos deux toxicos sont les membres d'un trio qu'ils forment avec Cookie. Eux musiciens et elle au chant, ils n'ont malheureusement que deux scènes où ils "jouent" ensemble, passages véritablement hypnotiques avec en prime, dans le second, un rap de 2Pac qui nous fait immédiatement regretter sa triste disparition.

Gridlock'd comme son titre l'indique est donc une oeuvre où il se passe finalement très peu de choses. On est pris dans un quotidien faisant du surplace, aux basques de nos deux comparses à la recherche d'une seconde chance et le ton de l'ensemble peut rebuter. Pour autant, loin de la promesse du cool testostéroné vendu par l'affiche, on passe un agréable moment.